Ecrire un monde meilleur

Twilight, 50 Nuances de Grey : fantasmes et transgression

Cette semaine, on va parler vampire pailleté et millionnaire à cravache, oui oui oui^^. Je vous propose donc un petit article sur Twilight et 50 Nuances de Grey, et ma propre interprétation de leur aspect « problématique » ou non. Je ne parlerai pas spécialement de leurs qualités littéraires respectives, ce ne sera pas mon objectif principal dans cet article.

Et oui, j’ai quelque chose de nouveau à dire sur le sujet.

 

Twilight vs 50 nuances de Grey

Si vous viviez dans une caverne ces 15 dernières années…

Je vais plutôt parler des livres ici (j’ai seulement vu le 1er Twilight il me semble quand il est sorti et je n’en ai aucun souvenir), et du début des séries, puisque je ne suis pas allée très loin dans ma lecture dans les deux cas. Ma réflexion dans la suite de l’article n’est de toute manière pas tellement portées sur le détail des intrigues, donc ces résumés sont juste pour planter le décor.

Twilight

Bella est forcée de déménager chez son père et de fréquenter un nouveau lycée. Elle y fait la connaissance d’Edward, qui s’avère être… un vampire ! Toute l’histoire est centrée sur la relation entre Edward et Bella, un amour adolescent (si on excepte le fait qu’Edward a une centaine d’années^^) compliqué par le fait que l’odeur de Bella est inexplicablement irrésistible pour les vampires. Edward devient extrêmement protecteur envers Bella (qui en plus d’attirer les problèmes, est aussi très maladroite, et vaguement suicidaire), jusqu’à la quitter pour la protéger. Et bien sûr, il y a un triangle amoureux avec un loup-garou pour épicer un peu les choses…

Mon avis perso :

J’ai lu les deux premiers tomes à leur sortie (et peut-être le 3éme mais si c’est le cas, je l’ai oublié aussi sec). Et franchement, j’avais plutôt apprécié ma lecture, au moins celle du premier. Sans être une fan, je n’avais eu aucun mal à en voir l’attrait, sans doute parce que je sortais à peine du public cible, et j’en reparlerai dans la suite de l’article.

50 Nuances de Grey

Anastasia Steele, une jeune étudiante, se retrouve par un concours de circonstances à interviewer Christian Grey, un ténébreux millionnaire. Christian se pique d’intérêt pour Ana, elle-même séduite et troublée. Sauf que le millionaire ne fait pas dans les relations romantiques et lui propose d’emblée un contrat pour faire d’elle sa soumise, dans le cadre d’une relation SM. Ce n’est pas du goût d’Ana, mais elle cède peu à peu, par curiosité et par amour, tandis que Christian en viendra à faire des concessions (tout en cherchant systématiquement à contrôler toute sa vie, de son métier à sa nourriture…).

50 Nuances est à la base une fanfiction de Twilight, mais qui va beaucoup plus loin dans l’érotisme avec des scènes de sexe assez détaillées…

Mon avis perso :

J’ai été intéressée par le concept du livre : la question des concessions, et des limites qu’on peut franchir par amour, dans la vie sexuelle ou ailleurs, est un thème qui mérite franchement d’être exploré. L’idée du contrat était aussi plutôt amusante. Par contre la réalisation… Les scènes de sexe sont plutôt tièdes, mais surtout, l’écriture est assez horrible par moments. L’héroïne se mord les lèvres toutes les trois lignes, son inconscient lui parle directement… Je comptais lire toute la série, mais j’ai abandonné au bout d’un chapitre ou deux du second tome, puisque passé la curiosité, c’était à la fois mauvais et ennuyeux. Si je ne me trompe pas, le deuxième tome de 50 Nuances est donc un des deux seuls livres que je n’ai pas fini de toute ma vie… Yep…

Par contre, en tant que fanfiction qui aurait été transformée en œuvre originale, c’est plutôt du bon boulot, puisque même si on retrouve la même dynamique de domination entre les personnages, les univers et les histoires sont assez différentes pour en faire réellement deux œuvres séparées.

Une critique… violente, pour être polie

J’adore les critiques et les analyses de films et de livres, et j’en consomme énormément, que ce soit sur des blogs ou sur Youtube, des comiques, des sérieux, des cinéphiles, des auteurices, bref de toutes les sortes.

Et sur toutes ces personnes-là, 90% (ce chiffre n’a absolument pas été choisi au hasard^^) ont fait au moins une vidéo ou un article sur Twilight ou 50 Nuances, sous un sacré paquet d’angles différents.

Un de mes sites préférés, Mythcreants, a par exemple comparé les premiers chapitres des deux séries (si vous êtes anglophone, plongez vous dans leur série Lessons from bad writing qui dissèque des premiers chapitres, elle est vraiment géniale, puisque c’est une des rares à illustrer un vrai travail d’édition, jusque dans le détail du texte).

En général, il y a deux approches :

  • La critique de la qualité des oeuvres

C’est le cas le plus courant, et c’est souvent drôle quand on parle de 50 Nuances, qui a effectivement d’énormes défauts (une intrigue qui disparait après le premier tome, et un style… qui pique un peu^^)

  • Le commentaire sur les relations présentées dans ces deux romances

Beaucoup ont soulevé les points problématiques dans les relations amoureuses des deux séries : en particulier des hommes en position de puissance qui en abusent et dominent la vie de leurs compagnes, dans ce qui serait des relations complètement toxiques/abusives dans la vie réelle.

En plus de cela, 50 Nuances donne une vision déformée et problématique du BDSM en en détournant la partie la plus importante : le consentement total des différentes parties.

Dans tous les cas, autant Twilight que 50 Nuances ont été détruits sans merci par la critique, au point d’en devenir une expression courante dans le cas de Twilight : « still a better love story than Twilight » (quand même une meilleure histoire d’amour que Twilight).

Et on enchaine tout de suite sur la violence de ces critiques, et leur pertinence…

Dear Stephenie Meyer : sexisme et jugement artistique

Comme je viens de le dire, autant Twilight que 50 Nuances de Grey ont été démontés par la critique, et même s’il ne s’agit pas d’une réflexion originale de ma part, je ne peux pas écrire cet article sans vous parler de la vidéo  très pertinente de Lindsay Ellis : « Dear Stephenie Meyer ».

Je vous la conseille fortement, mais pour celles et ceux qui ont un peu plus de mal avec l’anglais, en résumé :

Depuis sa sortie, Twilight a été la cible de critiques très violentes, de la part de … à peu près tout le monde, comme étant un des pires livres ayant jamais existé. Et on peut lui trouver des défauts bien sûr, mais des mauvais livres/films, il en existe des montagnes. La réaction violente contre Twilight n’est pas tellement lié à la qualité de l’œuvre mais plutôt au public qu’il vise. Être « pour petite fille » est devenu une insulte, et il n’y a pas besoin d’y réfléchir très longtemps pour se rendre compte à quel point ça peut être sexiste. Il y a des tonnes de films d’action décérébrés et très mauvais qui n’existent que pour satisfaire leur public masculin, mais ces films-là ne sont pas critiqués de la même manière, même lorsqu’ils sont hautement problématiques.

Et après avoir vu cette vidéo, tout ce que j’ai pu voir et entendre n’a fait que valider l’analyse de Lindsay Ellis.

Le seul fait d’être destiné à séduire un public féminin, et a fortiori un public féminin jeune suffit souvent pour décrédibiliser une œuvre, et pas seulement auprès de quelques machistes décérébrés. La romance en général a par exemple très mauvaise réputation (une réputation pire que la littérature de genre, c’est dire…), et c’est une mauvaise réputation que j’avais moi-même intégré. Je ne lisais jamais de romance, moi qui affirme toujours lire « de tout » (j’ai essayé dernièrement de rattraper ce trou dans ma culture), je ne vais jamais voir de comédie romantique an ciné, et jusque-là je prenais une certaine fierté à ne pas aimer ces trucs « pour filles ». Je ferai peut-être un article plus large là-dessus un jour d’ailleurs. Le public destinataire d’une œuvre joue dans le jugement qu’on en fait.  Le même phénomène existe aussi dans la musique (Justin Bieber a aussi souffert de la même stigmatisation, pour les mêmes raisons). Ce n’est d’ailleurs pas limité au public féminin, il suffit de voir comment certains styles de musique trop « populaires » peuvent être traités…

Bref : il faut qu’on arrête de considérer que les femmes et les filles ont par défaut des goûts de merde, parce que c’est quand même assez horrible quand on y réfléchit… Et de manière générale, se débarrasser du snobisme qui nous fait rayer de la carte des genres complets de musique/films/littérature, surtout quand la raison tient à « c’est un truc de fille/de beauf/de vieux/d’ado », etc

Le chainon manquant : fantasmes et transgression

J’arrive enfin au vif du sujet, après 3h12 de préambule^^. Donc, j’ai effectivement vu beaucoup d’analyses sur ces deux œuvres. La plupart soulignaient  le côté purement toxique et problématique des relations amoureuses décrites, et un certain nombre disaient ne pas comprendre l’attrait de ce genre de romance : comment peut-on apprécier et même désirer une relation à la limite de la violence conjugale ? Pour moi, les personnes qui « ne comprennent pas », passent à côté d’un point important.

La raison pour laquelle ces relations sont séduisantes malgré leur aspect toxique, c’est qu’elles sont de l’ordre du fantasme.

Permettez-moi de développer^^

Quelques définitions

D’après mon ami Wiki, le fantasme :

est une manifestation, consciente ou inconsciente, d’un désir.

Pour moi, il y a plusieurs choses intéressantes à dire à propos des fantasmes dans ce contexte.

  • Symbolisme

Comme dit la définition, le fantasme est une manifestation d’un désir : c’est-à-dire qu’il y a un sens derrière un fantasme. Le fantasme dans Twilight, ce n’est pas d’avoir un mec qui est au bord de craquer et de te tuer à chaque instant, c’est d’inspirer chez un homme un désir si violent qu’il doit fait des efforts littéralement surhumains pour y résister (en tout cas c’est une des interprétations possibles, ce scénario pourra jouer sur un levier différent pour chaque lecteurice). Ce n’est pas non plus qu’un mec (qui a 90 ans de plus que toi) rentre par effraction chez toi pour te regarder dormir, mais que tu sois capable de provoquer un amour si fort qu’il ne puisse pas être loin de toi et veuille absolument te protéger, par exemple. Il y a le même genre de symbolisme chez Christian, qui veut contrôler chaque détail de la vie d’Ana « pour son bien ». Dans la vraie vie, elle devrait fuir, mais il s’agit d’un fantasme (doublé du fantasme d’avoir un mari hyper riche… chacun son truc^^).

Même si Twilight n’est pas du tout ouvertement sexuel (Bella ne couche avec Edward qu’après leur mariage dans le QUATRIÈME tome), le principal souvenir que j’en garde reste l’incroyable tension sexuelle que dégagent les livres, probablement un peu à l’insu de l’autrice qui prône justement l’abstinence sexuelle… Meyer essayait probablement de souligner le « danger » que peuvent représenter les hommes et leurs désirs, mais elle a rendu Edward trop sexy pour son propre bien. Et cette tension est principalement symbolique.

  •  Transgression

Par définition, on a tendance à fantasmer sur ce qu’on n’a pas, sur ce qu’on ne peut pas avoir. Sans transgression, les fantasmes sont un peu trop fades pour être intéressants. Et de ce côté-là, on est servis dans les deux œuvres. La toxicité des deux relations est en elle-même une transgression (Edward rentre par effraction chez Bella pour la regarder dormir… et c’est une des scènes les plus chargées en tension sexuelle, en tout cas dans mon souvenir lointain).

Tout le concept de BDSM et de relation dominant/soumise de 50 Nuances est lui-même transgressif, en tout cas pour une bonne partie de son public (censé être en majorité des mères de famille américaines de classe moyenne)

  • Hors de la réalité

Même si on parle souvent de « réaliser ses fantasmes », une bonne partie d’entre eux ne sont pas faits pour être réalisés. Soit parce que la réalisation est impossible, soit parce que la réalité n’aurait rien à voir avec le scénario, etc.

Pour donner un exemple classique, qui est d’ailleurs une synthèse des points précédents, on peut parler du fantasme de viol. Il n’y a pas vraiment besoin de s’étendre sur son aspect transgressif. Pour le côté symbolisme, il peut y avoir plusieurs dynamiques : par exemple, comme évoqué plus haut, le fait d’être assez irrésistible pour faire perdre la tête à un homme ou encore le fait d’être forcée à prendre part à des actes qu’on désire inconsciemment (cela peut soulager de la culpabilité de désirer quelque chose qu’on pense immoral ou inconvenant). Mais cela ne veut pas dire que ce fantasme est fait pour être réalisé. Il est même typiquement irréalisable puisque par définition, on ne peut pas désirer être violée. Dans le fantasme, la personne est entièrement en contrôle du scénario.

Le même genre de dynamique se retrouve par exemple dans 50 Nuances : Christian fait découvrir à Ana, plus ou moins contre son gré, le monde du BDSM. C’est séduisant en tant que fantasme, puisque Ana (et les lectrices par proxy) peuvent profiter du « piquant » du BDSM et de pratiques non conventionnelles en ayant la « protection » de ne pas le désirer directement…

Par exemple : porter des boules de geisha en public, c’est scandaleux, mais Ana (et la mère de famille chrétienne évangélique qui lit, oui, je fais des raccourcis) ont la conscience tranquille : Ana n’avait pas le choix, elle l’a fait par amour… Mais ce n’est pas pour ça, que dans la vraie vie, la lectrice qui apprécie cette histoire souhaiterait perdre tout contrôle sur sa propre vie.

C’est le point important qui explique le côté paradoxal de la chose : c’est un fantasme donc pas forcément fait pour être réalisé.

Le fantasme en défense du contenu problématique

Qu’est-ce que ça change que 50 Nuances de Grey et Twilight soient interprétables sous le biais du fantasme ?

Cela veut dire que ce n’est pas forcément à prendre au pied de la lettre, puisque les fantasmes sont plutôt symboliques.

Cela veut dire aussi que c’est « normal » que le contenu soit transgressif, puisque c’est plutôt une caractéristique propre au fantasme.

Et surtout, ce la signifie que ce n’est pas fait pour être pris comme modèle de relation, puisque le fantasme n’est pas forcément fait pour être réalisé.

Pour moi, c’est un contresens de ne pas analyser 50 Nuances et Twilight sous le prisme du fantasme, et pour revenir à la vidéo de Lindsay Ellis, c’est aussi un peu insultant. Parce que je ne pense pas que la majorité des femmes qui ont lu et apprécié 50 Nuances désirent vraiment qu’un homme leur dise exactement quoi manger ou leur fasse une crise parce qu’elles n’ont pas changé leur adresse mail à leur nouveau nom d’épouse. Contrairement à ce que disent beaucoup de critiques, je pense que même si elles n’ont que de faibles cerveaux féminins forcément inférieurs, elles sont capables de se rendre compte que la réalité serait beaucoup moins glamour…

Mais

Parce qu’il y a un gros mais^^.

Les livres et les films, en particulier ceux qui touchent un très large public, ont une forte influence sur la représentation de ce qui est désirable de manière général dans notre société.

Désirable, par exemple en terme de physique (ce qui rend la représentation d’un unique type de corps féminin très problématique, puisque tous les autres deviennent « anormaux » et donc « laids », puisqu’ils ne sont pas représentés dans les médias, ou en tout cas pas représentés positivement).

Mais aussi désirable en terme de relation de couple, ce qui va nous intéresser dans le cas de Twilight et 50 Nuances de Grey. Et le fait de représenter positivement des relations toxiques va avoir tendance à les normaliser et les rendre plus acceptables qu’elles ne devraient l’être.

Et dans ce cas, j’ai envie de dire que c’est infiniment plus un problème pour Twilight que pour 50 Nuances puisque Twilight s’adresse majoritairement à un public adolescent. Sans l’expérience, l’idée de ce que doit être une relation amoureuse est largement construite par les médias (en plus des exemples autour de soi). Et donc là où une personne plus âgée sera capable de voir ce genre de relation comme un fantasme et non comme un idéal, pour un ou une adolescente, ça pourra être plus facilement pris au pied de la lettre.

En plus de cela, l’étiquette « porno » (même si elle n’est pas totalement assumée) de 50 Nuances, facilite la catégorisation en tant que « fantasme », et donc le fait que ce ne doit pas être considéré comme un idéal romantique.

Et donc qu’est-ce qu’on fait ?

Malheureusement, à ce point je suis un peu coincée dans ma réflexion.

Pour moi, tout le monde a droit à ses fantasmes et le fait de démonter une œuvre parce que c’est un fantasme féminin est un gros problème.

D’un autre côté, il y a un vrai risque à représenter des relations toxiques comme étant le comble du romantisme, en particulier vers un public jeune qui n’a pas forcément les repères pour différencier une relation saine d’une relation toxique.

Donc on fait quoi en fait ?

Dans l’idéal, il faudrait que ce genre d’œuvre soit clairement identifiée comme étant du domaine du fantasme, avec une attention particulière portée à l’âge de son public.

En dehors de ça, et ce n’est pas tellement une question de littérature à ce niveau-là, il faudrait surtout qu’on progresse sur la considération de la sexualité féminine.

Parce que c’est assez hypocrite de se moquer de l’engouement de millions de femmes pour une série assez mal écrite et finalement assez sage, alors que finalement cet engouement provient surtout du fait qu’en dehors des romances de type Harlequin (qui sont automatiquement étiquetées comme « de la merde » au point que s’en est limite une expression), très peu de médias se préoccupent de fantasme féminin. L’univers porno est assez largement centré sur un public masculin, et surtout dans certains milieux, on va considérer comme vrai par défaut qu’un homme se masturbe et regarde du porno, et comme faux pour une femme, qui sera elle supposée feindre des migraines dès que possible…

Donc oui, dans un monde où tout tourne autour du fantasme masculin, du cinéma au porno en passant largement par la publicité, les femmes ont droit à leurs fantasmes !

De ce point de vue, 50 Nuances est plutôt une victoire pour la sexualité féminine, même si j’espère que d’autres livres de meilleure qualité sont venus prendre la relève depuis^^.

Conclusion

Je sais, c’était long et compliqué, alors comme je suis gentille, je vous fais la version courte :

  • Il faut arrêter de mépriser certains genres juste parce que c’est « des trucs de filles », le genre des spectateurices (ou l’âge ou la condition sociale) ne rend pas leurs goûts moins légitimes
  • Autant Twilight que 50 Nuances de Grey jouent sur le terrain du fantasme, ce qui explique leur côté « problématique-qui-ne-devrait-pas-être-désirable-dans-la-vraie-vie », puisque ce n’est pas les comportements complètement horribles des personnages masculins qui sont désirables mais plutôt la symbolique derrière.
  • Le fantasme explique le côté problématique, mais ne l’excuse pas forcément, surtout lorsque l’œuvre est à destination d’un public jeune qui est encore en train de construire ses codes (raison aussi pour laquelle le porno classique peut-être dommageable pour des personnes qui n’ont aucune expérience, puisque cela donne des attentes complètement fausses sur ce que devrait être une relation sexuelle, un corps nu, etc).
  • Ce serait quand même vachement cool si on reconnaissait aux femmes le droit d’avoir des fantasmes et une libido, et une sexualité non uniquement destinée à satisfaire les besoins d’un conjoint…
  • Il y a visiblement un marché très porteur et très nécessaire ! dans le domaine de la littérature érotique féminine alors si vous vous sentez de faire mieux que E.L James, lancez-vous !

Et vous, qu’avez-vous pensé de ces deux séries ? Est-ce que vous avez aimé et eu honte de l’avouer à un moment ? Quelle part prend le fantasme dans ce que vous écrivez ?

4 réflexions au sujet de “Twilight, 50 Nuances de Grey : fantasmes et transgression”

  1. Cette analyse est fascinante et très pertinente, et je te remercie d’avoir développé un argumentaire aussi convaincant. En règle générale, je trouve qu’on passe un peu vite sur les raisons qui font le succès d’une oeuvre, comme si la littérature populaire avait quelque chose d’un peu vulgaire. C’est principalement le cas, comme tu l’observes si justement, lorsque celle-ci s’adresse prioritairement aux femmes.

    Cela dit, même si ça ne remet pas en cause ce que tu dis ici, je regrette que ce maelström de succès et de polémique se soit concentré autour de « Twilight » et de « 50 nuances », alors que ce sont, à mon avis, des exemples médiocres de genres qui ont engendré des œuvres autrement plus intéressantes.

    1. Merci ! Il y a beaucoup trop de segmentation autant en littérature, musique, cinéma, comme si on devait apprécier certains styles, certains genres en fonction de son âge, de son genre, de sa catégorie sociale, et c’est assez triste en fait ! Et effectivement, dans certains succès, il y a une dose de marketing, de chance (dans tous probablement^^), mais souvent la réflexion ne dépasse pas le « c’est de la merde » (et les implications sur le public qui aime ces œuvres). Si quelqu’un lit un livre jusqu’à devenir « fan », c’est bien que ce livre a fait quelque chose qui fonctionne. Et c’est toujours intéressant de savoir comment…

  2. Article très intéressant !
    Je pense que ton analyse peut s’appliquer au shojo (manga dit pour filles) :
    – très très mal vu, avec ce coté mépris
    – beaucoup d’histoire avec une jeune femme assez transparente et un gars violent, riche, et sexy au diable
    Je te rejoins totalement sur le côté fantasme et construction des jeunes! Je pense que la difficulté de trouver un autre type de romance (non hétéro, sans domination) peut avoir un impact assez négatif sur la construction de soi et participe à perpétuer un cadre rigide et pas très sain de relation.

    J’ai l’impression qu’il y a quand même des shojos/séries/films de romance (je lis moins de romans de romance…) qui commencent à sortir de ce cadre assez restrictif (comme tout cadre).
    Comme ça, je conseillerai « J’entends la nuit » de Catherine Dufour qui reprend le pitch de Twilight mais sans cacher sous le tapis les relations de pouvoir (de classe, de genre et de race) entre les protagonistes. Et ça fait du bien…
    Et en manga de romance en mode total fantasme hétéro : Game – entre nos corps.
    Bon, désolée pour le commentaire un peu long ^^

    1. Pas de souci pour le commentaire long au contraire ! Tu proposes des alternatives, et ça manquait à mon article… J’ai pas mal entendu parler de Catherine Dufour mais je n’ai encore rien lu d’elle, ça pourrait être l’occasion^^

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.