Ecrire un monde meilleur

Trigger warnings, ou le faux argument de l’exposition

J’avoue, j’ai eu très envie de titrer cet article : « trigger warning : trigger warnings », vu la réaction que ce sujet peut provoquer chez certaines personnes, mais je ne suis pas sûre que ça aurait été très clair^^. Je n’ai pas pour objectif d’écrire un article pour la controverse, parce que ce sujet n’en mérite vraiment pas à mes yeux. De mon point de vue, l’utilisation des triggers warning est un gain énorme pour les lecteurices, au prix d’un effort insignifiant. Mais d’expérience, ce n’est pas l’avis de tout le monde, et j’avais envie d’en discuter.

À vrai dire, cela fait un certain temps que j’ai envie de parler de ce sujet, à la fois parce que je lis régulièrement des articles ou des posts qui me font réagir, mais aussi pour parler de ma propre expérience sur le sujet. Cette semaine, je saute le pas…

Avant de commencer, quelques précisions :

  • J’écris cet article à la fois de mon point de vue de lectrice et de mon point de vue d’autrice.
  • Je n’ai aucun diplôme en psychologie (même si c’est un sujet qui m’intéresse énormément en tant qu’autrice), donc tout ce que je dis sur le sujet est bien sûr à prendre avec des pincettes, et si possible des recherches complémentaires^^.
  • Je ne fais pas exactement partie des groupes auxquels on pense quand on parle de trigger warning. Je ne suis pas atteinte de syndrome de stress post-traumatique, et je n’ai jamais été victime d’agression sexuelle (en dehors de l’occasionnel pervers du métro, mais c’est une expérience tellement courante pour la plupart des femmes que je ne l’aurais même pas précisé si je ne m’étais pas corrigée. Et oui, c’est triste).

Trigger warning : une définition

 On dirait que la traduction française officielle de trigger warning est simplement « avertissement au public« .

Le principe du trigger warning, c’est simplement de lister pour le public au début d’un livre, d’un film ou d’un autre type de contenu (cela devient de plus en plus courant sur les articles ou vidéos Youtube par exemple) une liste de sujets qui peuvent être des trauma triggers, c’est-à-dire des déclencheurs de souvenirs traumatiques, qui peuvent ensuite causer des crises de panique, des flashbacks ou d’autres manifestations de stress post-traumatique.

Les sujets considérés comme des traumas triggers seront par exemple les violences physiques, psychologiques ou sexuelles, les différentes formes de discrimination (racisme, homophobie, transphobie, etc), certains troubles psychologiques (dépression, suicide, troubles alimentaires, automutilation), etc.

Le principe du trigger warning est donc de prévenir de la présence de ce type de contenu dans une œuvre, pour permettre aux personnes susceptibles de réagir négativement à ce type de contenu de l’éviter si elles le souhaitent.

En pratique, cela ressemblera à une ligne comme ça au début d’un livre ou d’une vidéo :

Trigger warning : araignées géantes

Alors oui, là j’ai choisi volontairement un sujet moins sérieux, non pas pour trivialiser les autres mais pour avoir un exemple plus léger (et aussi parce que tellement de gens ont peur des araignées que ça pourrait aider certaines personnes qui ont dû mal à « comprendre » la problématique).

C’est tout.

Alors à première vue, c’est extrêmement facile à mettre en place, ça ne coûte rien à personne, mais alors pourquoi y a-t-il tellement de détracteurs, et pourquoi n’est-ce pas une pratique beaucoup plus répandue ?

On va examiner quelques critiques. Ce n’est pas une liste exhaustive, seulement quelques critiques courantes et qui m’ont particulièrement marquée quand je les ai croisées sur internet…

Les critiques

Spoiler

Une critique qu’on retrouve couramment, c’est que les trigger warning contiennent des spoilers, et qu’ils sont donc totalement INACCEPTABLES.

Spoiler warning = trigger warning

Ce qui est assez drôle, c’est que la pratique de plus en plus courante de préciser quand un article ou un post de blog ou de réseaux sociaux contient des spoilers a techniquement la même fonction que le trigger warning : prévenir une personne d’un contenu qu’elle ne souhaiterait pas voir. A la différence que, dans un cas, on aura une personne qui est un peu triste d’apprendre un détail sur la suite de sa série préférée alors que dans un autre, il pourrait y avoir des conséquences psychologiques graves…

Facile à éviter

En dehors de ça, en particulier dans un livre, qui est souvent précédé d’une tonne de mentions légales que personne ne lit jamais, il me parait assez facile de caser une malheureuse ligne à un endroit où on puisse la trouver facilement si besoin, tout en étant capable de l’éviter. Personnellement, il m’arrive de ne pas lire la quatrième de couverture, parce qu’elle peut contenir elle-même trop de « spoilers », si j’arrive à le faire, je pense qu’on peut facilement y introduire une malheureuse ligne sans ruiner l’expérience de celles et ceux qui veulent les éviter.

Une information supplémentaire

Mais en dehors de ça, je trouve que cet argument contient une certaine dose de mauvaise foi. Parce que le choix d’un livre ne se fait pas au hasard : quand on choisit un livre, on va bien sûr lire le titre, regarder la couverture, lire le résumé, parfois même des critiques (sauf si vous êtes comme moi, que vous lisez de tout et aimez les surprises, et que vous choisissez des livres au pif à la bibliothèque, juste parce que le titre sonne bien). Et tous ces éléments donnent des informations sur le livre, entre autres, sur le genre du livre. Parce que par exemple, si la couverture représente un couple, avec la femme dans une robe vaguement historique et le mec torse nu, qui se regardent dans les yeux passionnément, il y a des chances que ce soit une romance historique, qu’il y ait du sexe, et que ça finisse bien. C’est du spoiler, non ? Pourtant, je suis sûr que beaucoup des gens qui disent que les trigger warning, c’est le fléau de notre temps n’aimeraient pas commencer un livre et se rendre compte au bout de 50 pages que c’est une romance historique.

Avoir le choix

On peut choisir de ne pas lire une romance historique, et je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas choisir de ne pas lire un livre contient un sujet spécifique (et là je parle volontairement de la notion de choix, sans même évoquer le fait que, comme je le disais plus haut, il peut y avoir de vraies conséquences graves).

Finalement, on pourrait considérer que c’est autant une question de choix que de choisir un genre. On peut avoir des jours où on n’a pas envie d’être confronté.e à des sujets difficiles, et pour l’instant, la seule manière de faire ça, c’est de choisir des genres spécifiques (par exemple en restant sur du contenu créé pour les enfants).

Sans compter que parler de « spoiler » pour un trigger warning, c’est en étirer un peu la définition. Le trigger warning se contente de citer la présence d’un sujet donné, ce n’est pas exactement la même chose que de dire « c’est le colonel moutarde dans la bibliothèque avec le chandelier ». Tiens d’ailleurs, un gros spoiler, si vous lisez un roman policier, sachez que quelqu’un va mourir….

Refuser de se confronter à une réalité difficile

Un argument récurrent contre le trigger warning, c’est que c’est un signe de « faiblesse » des nouvelles générations qui refusent de se confronter à des sujets difficiles.

Beurk

Quand on parle de la création première du trigger warning, c’est-à-dire, pour protéger des personnes atteintes de syndrome post-traumatique, c’est un argument particulièrement pervers puisque c’est quand même quelqu’un qui a une petite vie tranquille et sans problème qui va dire à une victime d’un traumatisme qu’elle refuse de se confronter à la réalité… réalité d’un traumatisme que cette personne a bel et bien vécu, donc… Une « réalité » à laquelle le critique en question ne se confronte que pour son propre divertissement, hein…

Affronter ses démons

En dehors de cet argument de faiblesse un peu bancal voir franchement dégoutant, il y a une critique qui est beaucoup plus dangereuse parce qu’elle a des bases de vérité, mais simplement des conclusions qui me paraissent… plus que critiquables.

L’argument, c’est que refuser de se confronter à un problème/un sujet difficile n’est pas une bonne chose à long terme. Et c’est marrant parce que c’est plus ou moins le thème du roman que je suis en train d’écrire^^.

Et oui, effectivement, faire l’autruche n’est pas une bonne solution. Sauf que « refuser de mettre des triggers warning pour forcer les gens à s’y confronter » est une solution juste désastreuse si on y réfléchit plus d’une seconde.

Laisser faire les pros

Et c’est facile de le voir dès qu’on fait le parallèle avec un problème physique. Par exemple, quelqu’un qui va avoir une blessure grave à la jambe va effectivement devoir se forcer à exercer sa jambe, malgré la douleur, pour pouvoir remarcher normalement ensuite. Sauf que « tomber sur un trauma trigger au détour d’un livre » n’est absolument pas équivalent à « faire de la rééducation avec un professionnel qui te donne des exercices adaptés à pratiquer », c’est équivalent à « un inconnu te vole tes béquilles dans la rue et te pousse dans les escaliers par surprise ».

Effectivement, il existe des thérapies qui sont basées sur l’exposition progressive, par exemple dans le traitement des phobies (je rappelle que je ne suis pas une experte^^). Dans le cadre du stress post-traumatique, la thérapie cognitivo-comportementale peut inclure une « thérapie d’exposition répétée ». Donc oui, effectivement, souvent pour vaincre ce genre de problématique il faut s’y confronter. Mais globalement, ce genre de choses a lieu 1) dans un environnement sécurisant 2) avec le plein accord et connaissance de la personne 3) encadré par un ou une spécialiste qui sait ce qu’il/elle fait.

Bonnes prémisses, mauvaise conclusion

Rien à voir donc avec l’exposition à un sujet traumatisant, au hasard d’une page d’un livre, et souvent traité par un auteur ou autrice qui n’a aucune expérience de ce dont il ou elle parle ! Pour reprendre mon analogie de la thérapie physique administrée par surprise par le premier quidam venu, le résultat, ce ne serait pas la rééducation mais plutôt une blessure supplémentaire…

La réaction à avoir par rapport à ce qui est finalement une question de santé publique, ce n’est donc pas de bannir les trigger warning, mais plutôt de pousser les personnes qui pourraient en avoir besoin à obtenir l’aide d’un.e spécialiste (psychologue/psychiatre, etc)

Ça ne marche pas

Le problème, c’est que les trigger warnings ne sont pas la panacée. Parce que pour une personne donnée, il peut y avoir tellement de triggers spécifiques, et pour le coup, on ne peut pas mettre de trigger warning « glace à la fraise », même s’il existe peut-être une personne qui s’est retrouvé dans une situation traumatisante en rapport avec une glace à la fraise, et qui pourra faire une crise de panique à cause de ça (c’est sûrement un problème assez conséquent en ce qui concerne la musique par exemple).

On ne peut pas savoir et il y aura toujours une personne qui risquera de passer un mauvais moment à cause d’un détail dans notre livre, et il n’y a pas grand chose qu’on puisse faire pour éviter ça.

Protéger, autant que possible

Mais par contre, si les trigger warnings existent, c’est qu’ils désignent des thèmes assez répandus pour concerner un grand nombre de gens (malheureusement). Et ce n’est pas parce qu’on ne peut pas tout prévoir qu’on ne peut pas faire autant qu’on peut là où cela aura un effet majeur. Ce serait comme de dire, « non, on n’interdit pas les armes à feu qui provoquent tellement de morts, parce que de temps en temps y a quelqu’un qui meurt d’un accident de boule de pétanque et ça n’empêchera pas ça » (je ne vais peut-être pas dire cet argument trop fort, on ne sait jamais la NRA pourrait être tentée de le réutiliser).

Je pense que j’avais déjà parlé de cette idée dans mon article « est-ce qu’on ne peut plus rien dire ? » qui discutait plus généralement du « politiquement correct » et de ce qu’on considère comme « offensant », et sur la façon de gérer ça en tant qu’autreurice. Franchement, je vais avoir du mal à résumer ma pensée en deux lignes, donc allez le lire^^. Mais ma conclusion, c’était comme ici, que je ne vois pas pourquoi ne pas faire un effort, dans le cas du trigger warning un effort MINIME, si ça peut être utile à beaucoup de gens.

Alors oui, je suis peut-être un peu biaisée, puisque les triggers warning sont quelque chose qui m’aurait été (et me serait toujours) utile en tant que lectrice.

Ma propre expérience

En tant que lectrice

Comme je le disais au départ, je ne rentre pas dans le cadre du syndrome post-traumatique (en tout cas, pas dans une version assez sévère pour être diagnostiquée), ni dans la plupart des groupes pour lesquels les trigger warning ont été conçus.

Mais pour des raisons personnelles, le sujet des agressions sexuelles est particulièrement difficile pour moi. Et en plus de ça, j’ai à la fois beaucoup « d’imagination » et d’empathie (j’aimerais bien savoir si c’est parce que je lis énormément depuis toujours, ou à cause de ça que j’aime autant lire^^). Donc j’évite de lire les news, par exemple, parce que je suis particulièrement douée pour m’imaginer instantanément dans la peau de la victime d’un fait divers.

Il y en a PARTOUT…

Et donc au cours de ma vie, étant donné que je lis beaucoup et dans des genres très variés, je peux vous dire que je suis tombée sur un nombre incalculable de bouquins contenant des viols (et peut-être que j’écrirai un article juste sur le sujet un jour, parce que parfois j’ai l’impression que c’est un passage obligé pour certains auteurs, et je garde volontairement le masculin ici).

Selon la période de ma vie, mon état d’esprit et de fatigue, et la façon dont c’est décrit, je peux simplement passer à la suite sans hausser les sourcils, pleurer, trembler, me sentir mal pendant quelques heures, ou y penser pendant plusieurs jours. Même si c’est beaucoup moins grave que cela peut l’être pour d’autres personnes, j’aimerais bien pouvoir lire un bouquin sans risquer jouer à la roulette russe.

Pourquoi tu lis ça…

Et pour moi, le plus ironique, c’est que ça m’est arrivé à plusieurs reprises d’être fortement touchée par ce que j’étais en train de lire et que mon entourage s’en rende compte (je fais pourtant des efforts héroïques, parce que je ne supporte pas qu’on me voit pleurer ou quoi que ce soit d’équivalent).

Et plusieurs fois, on m’a dit :

« Mais pourquoi tu lis des trucs horribles comme ça ??? »

PARCE QUE JE NE SAVAIS PAS !

Bien sûr, je n’en veux pas aux différentes personnes qui m’ont dit ça, parce que c’était dit gentiment à chaque fois. Mais de manière ironique, on me reprochait de lire un livre et d’en souffrir, alors que je n’avais aucun moyen de savoir ce qu’il y avait dedans. Ce n’est pas moi qui avait décidé d’écrire cette scène horrible !

Le choix, et la possibilité de se préparer

Pour moi, les trigger warnings seraient un vrai bienfait. J’aurai sûrement du mal à ne pas lire quand même (parce que sinon il ne me resterait plus grand chose à lire…), mais au moins, je serais préparée. Et je pense que pour beaucoup de monde, il y a une énorme différence entre être mis face à une de tes peurs ou un de tes traumatismes par surprise, ou en ayant eu le choix et le temps de s’y préparer.

Et ça veut aussi dire que le jour où je suis fatiguée, où je n’ai pas le moral, je lirai autre chose.

Ça ne résoudrait pas tous les problèmes, mais ça me donnerait le choix, et la maitrise de ce que je fais et quand. En tant que lectrice, les triggers warnings, il me les faut !

En tant qu’autrice

En tant qu’autrice (de romans et d’articles), je veux définitivement y réfléchir, et les inclure autant que possible.

D’abord, parce que comme je le disais plus haut, ça ne coûte pas grand chose à part quelques instants de réflexion.

Je conseillerai peut-être tout de même une recherche rapide sur ce qui peut constituer un trauma trigger, parce qu’on peut parfois être très inconscient.e sur des sujets qui ne nous touchent pas.

La possibilité d’une réflexion plus profonde

L’autre intérêt de cet exercice, c’est qu’il peut nous pousser à creuser un peu plus sur l’inclusion de certains sujets ou thèmes.

J’écris cet article maintenant parce que j’ai eu l’occasion très récemment de me retrouver face à un « trigger » (un mauvais moment pour moi, contrebalancé par le caractère heureux de l’événement déclencheur), qui m’a donné une foule d’idées pour mon roman en cours, en particulier sur la relation entre les souvenirs et schémas mentaux (pourtant, je promets, cette fois-ci c’est de la fantasy, il n’y a aucun psychiatre dans ce roman^^).

Et parmi les souvenirs que j’écrivais, l’un d’eux concernait une fausse-couche, et je me suis rendu compte que celui-ci pouvait justement mériter un trigger warning. Et je pense que je vais re-réfléchir à cette scène, parce que même si la féminité et la fertilité sont des thèmes importants dans mon roman, et même si cette scène a un sens dans l’intrigue et caractérise un personnage, elle est probablement plus violente qu’elle n’a besoin de l’être.

Pour l’instant, je ne suis qu’à mon premier jet, et je ne vais donc pas y toucher, mais je vais certainement me reposer la question plus tard dans mon processus de correction, et même si je décide de conserver cette scène telle quelle plus tard, je trouve que ça vaut la peine de se demander si on a écrit une scène donnée simplement pour le choc ou si elle a vraiment sa place dans l’histoire. Quitte à se rendre compte qu’on peut être un peu plus subtil que ça…

Conclusion

Ma conclusion, c’est que ce blog me sert à résoudre des discussions imaginaires contre des arguments que j’ai lu il y a des années^^.

En tout cas, de mon côté, j’ai du mal à voir ce qu’on a à perdre à mettre en place les triggers warnings, mis à part l’effort d’y penser…

Et d’ailleurs, si vous tombez sur un de mes articles qui selon vous en mériterait un, n’hésitez pas à me le signaler et je le rajouterai (tous mes proches vous diront que je ne manque pas de bonne volonté, mais que par contre, il faut que j’y pense, et ça c’est pas gagné…)

Et vous, est-ce que les triggers warnings vous intéressent en tant que lecteurices ? Ou vous agacent ?

Est-ce que vous avez envisagé d’en rajouter dans vos propres oeuvres ?

Dites-nous tout dans les commentaires ! (mais civilement, hein^^)

8 réflexions au sujet de “Trigger warnings, ou le faux argument de l’exposition”

  1. A mon avis, un pas à franchir pour que les trigger warnings soient utiles et atteignent leur cible, c’est de les appeler autrement que « trigger warnings », un terme incompréhensible par la grande majorité des lecteurs.

    1. Effectivement, un simple « Avertissement » fait l’affaire, et devrait sans doute être utilisé en pratique. Mais c’est difficile de s’affranchir du terme original en écrivant un article sur le sujet, surtout qu’il est beaucoup plus spécifique et précis qu' »avertissement ».
      En écrivant ce blog, je bute souvent contre le fait qu’il y a infiniment plus de ressources et de théories sur l’écriture en anglais, et donc de vocabulaire pour lesquels nous avons rarement des traductions satisfaisantes en français. C’est un peu frustrant^^

      1. Ma remarque n’avait rien à voir avec ton article : naturellement, il faut utiliser les mots appropriés pour décrire le sujet. Mais même si je ne me sens pas très impliqué dans l’effort qui consiste à généraliser les trigger warnings, j’ai l’impression qu’un pas nécessaire consiste à mettre ce terme de côté dans l’usage grand public.
        Et ça, c’est aussi notre boulot, autrices, auteurs, blogueuses, blogueurs. Les termes ne se traduisent pas d’eux-mêmes. Si j’ai choisi de dire « Tue tes chouchous » plutôt que « Kill your Darlings », ou « Montrer plutôt que raconter » plutôt que « Show, Don’t Tell », ou « décor » plutôt que « worldbuilding », c’est aussi parce que j’estime que nous avons besoin de termes pour décrire l’écriture romanesque dans notre propre langue.

        1. C’est vrai que c’est un cercle vicieux : si on ne « crée » pas les mots en français, et si on ne les utilises pas il l’y en aura jamais… Et il faut bien que quelqu’un le fasse^^. Je n’avais pas envisagé les choses sous cet angle-là, sûrement parce que je ne me sens pas très légitime dans ce rôle pour l’instant.

  2. J’avoue n’avoir jamais vu de trigger warning sur les romans que j’achète, mais je pense que ce serait une bonne idée. Personnellement, j’ai lu récemment un livre très très très bien mais avec une scene trigger à laquelle je ne m’attendais pas et qui m’a hantée pendant plusieurs jours ^^
    Ce n’est pas non plus encore généralisé sur les autres médias et j’en ai vraiment marre de tomber sur des scènes de viol ou torture sans m’y attendre (souvent utilisés comme des facilités scénaristiques ou sans aucun recul, aucune analyse).
    J’ai eu le même type de réflexion que toi lors de la rédaction d’une scène de mon roman, et j’avoue ne toujours pas être certaine qu’elle soit bien menée ><
    Merci pour cet article très intéressant qui fait réfléchir !

  3. Je trouve le sujet intéressant et qu’effectivement il devrait permettre d’améliorer les expériences de lecture de beaucoup de personnes.

    En revanche, j’ai été un peu perplexe récemment en tombant sur un forum pour auteurs (un dérivé de Cocyclics, il me semble), où dans les règles il y avait une liste longue comme le bras de trigger warnings possibles (allant jusqu’à des éléments comme « oiseaux »… ) et il était obligatoire d’indiquer tout ce que contenait son texte. Personnellement, j’ai trouvé ça très pesant : je ne me voyais pas repasser mon texte au peigne fin pour voir si j’y évoquais parfois des pigeons ou des mouettes.
    Mais ces cas un peu extrêmes mis à part, je suis d’accord avec toi et merci pour cet article 🙂

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