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Il n’y a pas de recette magique pour écrire un bestseller

Il n’y a pas de recette magique pour écrire un bestseller. Voilà c’est dit. Pas de méthode miracle, non plus.

Je sais, c’est un constat effrayant, mais qui est aussi très libérateur.

Aujourd’hui, je suis heureuse de vous proposer enfin cet article sur lequel je cogite depuis très longtemps, et que j’ai recommencé plusieurs fois. C’est le fruit d’années de lectures, mais aussi de longues heures de divagations sur Youtube…

Image by JUTUBE from Pixabay

Le mythe de la recette magique

Une constante : la recherche de la méthode miracle

La littérature est un de mes principaux centres d’intérêt (autant en tant que lectrice qu’autrice), mais ce n’est pas le seul. Je ne suis pas une personne qui peut se passionner pour un unique sujet toute sa vie et j’adore découvrir de nouveaux hobbies, et les communautés qui vont avec.

Et un concept qui se retrouve partout, presque sans exception, quelque soit le domaine, c’est la recherche de LA méthode, la recette magique, celle qu’il suffit d’appliquer pas à pas pour devenir magiquement une auteurice à succès, monter son entreprise et devenir une « girlboss » ou garder sans effort sa maison propre et rangée.

Et c’est humain: bien sûr que c’est séduisant d’avoir une recette dont il suffit de suivre les étapes.

Pourtant, j’ai beau parcourir internet en long et en large, où on me fait miroiter les méthodes parfaites pour, dans le désordre : perdre du poids, lancer son blog, écrire un roman, maintenir sa maison rangée, prendre des notes, monter son entreprise, etc, etc, je n’en ai acquis qu’une seule certitude : ça ne peut pas vraiment marcher, ou en tout cas, pas pour tout le monde.

Non vraiment, Il n’y a pas de méthode infaillible. Désolée, j’ai l’impression de vous annoncer que le Père Noël n’existe pas !

Pourquoi la méthode miracle n’existe pas

Attaquons-nous au « pourquoi ».

Chacun ses contraintes

Pour commencer, il y a les évidences logistiques : nettoyer une maison de 200m2, ce n’est pas la même chose que nettoyer un appart de 20m2.

Pour se concentrer sur l’écriture, écrire un roman avec un travail à plein temps et des enfants, et/ou avec un handicap, ce n’est pas la même chose qu’écrire en tant qu’étudiant.e, ou retraité.e.

Ecrire un scénario de blockbuster américain (comme proposé par Save the cat, une des plus célèbres recettes miracles concernant l’écriture), c’est très différent d’écrire un roman littéraire français. Les questions de genre littéraire, de langue, de format, de public ont toutes un impact. L’époque aussi, puisque par exemple, les conseils de Stephen King pour se lancer dans la littérature en vendant des nouvelles sont très légèrement périmés : il a vendu sa première nouvelle il y a presque 60 ans…

Pour des raisons strictement concrètes, il ne peut pas y avoir de méthode miracle parce que les circonstances sont différentes, et un simple changement de lieu, d’année ou de n’importe quel autre facteur peut rendre totalement nuls et non avenus beaucoup de conseils.

Parenthèse : tout le monde a-t-il vraiment le temps d’écrire ?

Je vais en profiter pour revenir (encore^^) sur un sujet qui a tendance à m’énerver : on entend souvent que les gens qui « n’ont pas le temps pour écrire » mentent, que tout le monde a le temps pour écrire (mais pas la volonté).

C’est tout à fait vrai, c’est une question de priorité.

Et effectivement, si vous passez 4h par jour sur Tweeter, et que vous vous plaignez de ne pas avoir le temps, la remontrance est peut-être méritée (à moins que vous ne soyez community manager !). Mais par contre, si ces heures sont utilisées à bercer d’un bébé en bas âge qui ne fait pas ses nuits, à prendre soin d’un proche malade, à préparer des examens importants ou travailler pour une carrière qui vous passionne, à voir des amis perdus de vue, planifier un achat ou un déménagement, ou simplement dormir, vous êtes parfaitement légitime à considérer tout cela plus prioritaire que l’écriture. 

Vous avez même le droit de considérer que Netflix est prioritaire sur l’écriture, du moment que c’est votre choix. il suffit que vos priorités soient alignées avec ce que vous faites vraiment. Parenthèse refermée

Le cerveau, cet inconnu

Même en dehors des réalités concrètes de chacun, même si on mettait chaque personne dans des circonstances strictement identiques avec exactement le même but, même là, il n’y aurait pas de recette magique.

Nos cerveaux sont simplement trop différents.

Et par là, je ne veux pas dire « certains sont plus intelligents que d’autres » ou « certaines ont plus de talent que d’autres ».  Pour me la jouer provoc, j’aurais tendance à dire que celles et ceux qui « croient en l’intelligence » ne sont pas les plus malins.

Parce que notre cerveau ne fait pas une seule chose, il a une multitude de fonctions, et chacun de nos cerveaux les appréhende de manière très différentes. « L’intelligence » en tant que telle est un concept qui ne veut pas forcément dire grand chose (mais je m’égare, je vous écrirai un article sur l’intelligence un autre jour !).

Mémoire, et autres capacités cognitives

Pour donner un exemple concret, mon compagnon a une mémoire incroyable quand il s’agit de retenir des chiffres, alors que je suis encore obligée de me concentrer intensément pour me souvenir du code à 4 chiffres de ma porte d’entrée. Pour ma part, j’ai une très bonne mémoire quand il s’agit de concepts, beaucoup moins bonne quand il s’agit des mots en eux-mêmes  (je reformule très facilement une idée, mais la répéter par cœur m’est très difficile). Nous sommes tous les deux considérés comme « intelligents », ayant tous les deux faits des études supérieures en mathématiques, mais nos mémoires ne fonctionnent pas du tout de la même manière.

Bien, sûr, les types de mémoire impactent l’apprentissage, mais d’autres différences cognitives pourront impacter d’autres domaines : la résolution de problème, l’organisation, ou encore la motivation et le maintien de l’attention, dont on va parler juste après. Cela donne des personnes qui sont capables d’atteindre les mêmes objectifs (résoudre un problème mathématique, ou écrire un roman) mais qui vont prendre des chemins totalement distincts.

Je trouve ce sujet passionnant, un jour je me pencherai sérieusement sur les sciences cognitives…

Un exemple concret : la concentration

Qu’on veuille mettre en place un nouveau système d’organisation, perdre du poids ou écrire, ce ne sont pas des projets faciles, et ce sont des projets qui demandent de la motivation, et de la concentration.

Et il y a des myriades de conseils sur comment s’y prendre, mais je me suis assez vite aperçue qu’une partie de ces conseils, ou techniques « miracles » ne s’appliquaient pas à moi, parce qu’ils ciblaient un type de difficulté que je ne rencontrais pas.

J’en ai déjà parlé dans plusieurs articles, mais par exemple, les « sprints d’écriture » (pendant lesquels on écrit le plus possible pendant une courte période de temps, par exemple 10 ou 15 minutes) ne fonctionnent pas du tout pour moi, et sont au contraire contre-productifs. Ca ne veut pas dire que c’est un mauvais conseil ! Au contraire, c’est très efficace pour beaucoup de gens. Mais c’est une technique qui cible un problème particulier : celui de réussir à rester concentré sur un seul sujet à la fois. Hors moi, quand je suis lancée, je peux rester concentrée sans difficulté pendant une heure ou deux, toute ma difficulté est de commencer. Donc, plus je m’arrête, plus je perds de temps et les « sprints » sont catastrophiques pour moi.

Commencer par le plus dur

Autre exemple concret : commenceriez-vous par le plus facile ou le plus difficile d’une tâche ? En course à pied, je préfère commencer par la grosse côte du parcours, comme ça je sais que j’ai fait le plus dur et je n’ai pas la tentation d’abandonner. En écriture pendant les révisions, je préfère au contraire commencer par les plus faciles, histoire de me lancer.

Ce ne sont que des exemples ponctuels, mais la réalité est toujours la même : il n’y a pas de recette miracle, parce que nous sommes tous différents, avec un cerveau différent et des circonstances différentes. Et ça, c’est même sans compter le facteur chance qui intervient en plus dans certains domaines (au hasard publier le prochain roman à succès français…).

Pourquoi vendre une méthode miracle ?

Comme je viens de dire juste avant, je me suis intéressée à beaucoup de domaines différents dans ma vie, mais l’idée de « recette » ou de « méthode » magique revient systématiquement, quel que soit le sujet.

Et de cette étude générale, je dirais qu’il y a deux grands types de personnes qui prêchent connaitre LA méthode.

Les égocentriques

Dans la première catégorie, il y a des personnes qui peuvent être sincèrement convaincues d’avoir trouvé la méthode miracle. Forcément, cette méthode a marché pour elles !

Dans le meilleur des cas, cela peut être simplement une formulation plus péremptoire qu’elle ne devrait, ne serait-ce que parce que ça fait mieux en terme de marketing (et même de style !). Même moi, qui essaie de faire attention, qui ne veut absolument pas me présenter en experte, je choisirai plutôt comme titre « comment écrire un roman » plutôt que « quelques idées issues de mon expérience personnelle qui m’ont aidées à écrire un roman ». Parce que le plugin SEO de mon blog serait vraiment en colère avec moi sinon ! Cet article souffre sûrement lui-même de ce défaut… Et bien sûr, c’est naturel (et souhaitable) de ressentir une bonne dose de conviction dans ses idées, sinon personne n’écrirait de livres ou d’articles sur le sujet…

Pourtant, dans tous les conseils d’écriture que j’ai pu lire, un certain nombre dépassaient ce cadre. Certaines personnes sont simplement assez imbues d’elles-mêmes pour considérer qu’elles possèdent la vérité absolue, et assez peu empathiques pour se rendre compte que d’autres personnes rencontrent d’autres problèmes ou d’autres contraintes. Ce point de vue s’accompagne souvent d’une bonne dose de privilège et parfois de validisme : si vous avez des difficultés à écrire pour cause de dépression ou de troubles de l’attention, et bien vous n’avez qu’à être plus heureux/reuse ou vous concentrer, après tout, ça fonctionne bien pour moi alors pourquoi n’y arriveriez-vous pas si vous faites un peu d’effort ?

Et les arnaqueurs !

La deuxième catégorie, et la plus courante, ce sont les personnes qui veulent te VENDRE la fameuse méthode magique.

Parce que forcément, une méthode simple et pas à pas, qui marche à tous les coups pour écrire ton roman, faire fortune en lançant ta boite, etc, c’est beaucoup plus vendeur que quelqu’un qui reconnait honnêtement que malgré tous les conseils qu’on peut donner, ce qui compte c’est pratiquer, essayer, échouer et s’améliorer (et dans certains cas, avoir de la chance)…

Et quand on y regarde de plus près, la plupart des gens qui se vantent d’avoir la méthode miracle pour écrire un roman (ou perdre du poids ou lancer ses cours en ligne) veulent simplement te vendre quelque chose.

Je ne dis pas que toutes les personnes qui promettent connaitre la méthode pour écrire un best-seller sont des escrocs, mais la promesse allume automatiquement une sonnette d’alarme dans un coin de ma tête. Si on me conjure en plus « d’investir dans mon futur », en me promettant que la somme pharamineuse qu’on me demande me sera rendue au centuple, alors la sonnette se transforme en sirène anti-aérienne.

Une saine dose de scepticisme

Comme je viens de le dire, mon but n’est d’accuser personne d’arnaque, simplement de rappeler que même les personnes qui ont vraiment écrit des best-sellers ne peuvent pas vous offrir une méthode qui marche pour vous. Donc il vaut mieux prendre toute promesse un peu trop belle avec des pincettes.

Par exemple si on vous propose un package de 9h de cours d’écriture pour la modique somme de… 997$ (comme une des youtubeuses anglophones que je suivais a fait il y a quelques années)… Et bien ce n’est peut-être pas de l’arnaque, mais c’est quand même une sacrée somme (vu le prix de 997$, elle a elle-même probablement suivi une formation très chère pour apprendre à vendre ses cours) ! Il vaut peut-être mieux passer votre chemin (et c’est une des raisons pour lesquels j’ai eu envie d’écrire cet article).

Des alternatives gratuites !

Si vous débutez dans l’écriture, je comprends qu’il soit tentant de se lancer dans ce genre d’offre qui propose du « tout-inclus » et du « bestseller en kit ». Mais il existe tout un tas de ressources infiniment moins chères sur le web. Dans le haut de gamme, il y a Masterclass, qui est cher, mais se paye des grands noms comme Neil Gaiman, Margaret Atwood, Dan Brown ou Salman Rushdie (en dehors des jugements de qualité ou de moralité, les ventes sont là). Skillshare par exemple est beaucoup plus accessible.

Mais il existe une multitude de ressources gratuites sur internet, de blogs ou de chaines Youtube, etc.

D’ailleurs si vous comprenez l’anglais et que vous aimez le format « universitaire », je vous recommande très chaudement toutes les leçons données par Brandon Sanderson dans une université américaine qui sont disponibles sur Youtube. Gratuitement !

En tout cas, l’idée d’une recette magique est bien sûr séduisante, et très rassurante, elle a donc toutes les chances d’être exploitée pour en retirer le plus d’argent possible. Ça ne fait pas forcément des personnes qui utilisent cet argument des arnaqueurs, il faut juste se souvenir qu’il s’agit surtout d’une technique marketing, et être critique envers ce qu’on vous vend…

Mais s’il n’y a pas de recette miracle, qu’est-ce que je fais ?

Si vous attaquez votre premier roman, il peut être rassurant de chercher à suivre une méthode (Save the cat, ou autre), et ce n’est pas une mauvaise chose, au contraire. Il faut bien partir de quelque part, et essayer des techniques de planification, de motivation, etc. Mais ne vous attendez pas à ce que ce soit « magique ». Tout le monde est différent, a ses forces et ses faiblesses, et il me semble que la meilleure manière de réussir, c’est justement de réussir à les identifier.

Comparer et faire son propre choix

Le but de cet article n’est pas de vous conseiller de fuir tout ce qui se vend comme une « recette » (en tout cas, pas tant que le prix est raisonnable…). Personnellement je trouve très intéressant de comparer et mettre à l’épreuve tous les conseils.

L’essentiel, c’est finalement d’arriver à trouver ce qui marche pour vous, et même si possible d’arriver à vous connaitre assez bien pour générer vos propres méthodes et vos propres solutions.

Je voulais parler dans cet article de ce que pouvais signifier « se connaitre soi-même », et les quelques catégories courantes qu’on utilise pour se caractériser facilement, mais cet article est déjà beaucoup trop long.

Je vais donc garder ce sujet pour un article spécifique, normalement le suivant, si tout va bien !


Et vous, est-ce que vous avez trouvé votre « méthode miracle » ? Est-ce que c’est une méthode que vous avez apprise de quelqu’un d’autre ou que vous avez construite par vous-même ? De quoi est composée votre « méthode de Frankenstein » ?

Est-ce que vous avez déjà eu l’impression de vous être fait arnaquer par un livre, un cours ou une formation ?

J’espère que cet article vous aura plus, il me trotte dans la tête depuis très longtemps…

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