Décembre est là avec ses chocolats de l’avent et déjà ses chants de Noël dans mon supermarché… C’est le moment de faire le bilan, et de poser la question difficile : « ai-je bien fait de participer à NaNoWriMo cette année ? ».
Promis, c’est mon dernier article sur NaNo (en 2018^^), ensuite je reprendrai des sujets un peu plus variés…
Pourquoi un bilan ?
Pourquoi est-ce que je me pose toutes ces questions ? Après tout, j’avais envie de participer à NaNo, j’ai participé, j’ai gagné, veni vidi scribi^^. Que vouloir de plus ?
M’améliorer bien sûr !
Dans la vie, je travaille dans l’informatique, et en ce moment il y a une méthode de gestion de projet à la mode qui s’appelle « la méthode Agile » (ne demandez pas qui est Gilles, cette blague a déjà été faite un milliard de fois).
J’ai eu une formation à ce sujet, je l’ai pratiqué sur plusieurs projets et personnellement je suis totalement conquise. Bien sûr l’implémentation sur un projet donné peut être bancale, mais les principes de base sont vraiment intéressants, même appliqués en dehors de l’informatique. D’ailleurs, si ça vous intéresse je pourrais faire un article sur comment appliquer cette méthode à l’écriture d’un roman…
En gros, en Agile, on découpe un projet en une multitude de petites tâches qui font indépendamment avancer le projet. Ensuite, on planifie et traite ces tâches sur des plages de temps réduites appelés « sprints » (souvent 2 semaines dans l’informatique). Le but n’est pas de prévoir tous les sprints à l’avance, mais au contraire d’être souple et de pouvoir s’adapter. Par exemple vous pouviez avoir prévu d’écrire votre chapitre 3, mais vous vous rendez compte que vous avez besoin d’un nouveau personnage, donc au lieu « d’embarquer » dans votre sprint l’écriture de votre chapitre 3, vous décidez de le consacrer à la création de la fiche pour votre nouveau personnage.
Un autre principe majeur de l’Agile consiste à faire des « rétro » (oui, l’Agile a tout un langage…). Il s’agit simplement de faire un point à la fin de chaque sprint pour évaluer ce qui s’est bien ou mal passé, et SURTOUT de prendre des décisions ou de lancer des actions pour aplanir les difficultés, mais aussi pour conserver ce qui a bien marché.
En soi c’est très simple, mais c’est très important. Quand il y a des problèmes on a tendance, soit à chercher un responsable, soit à s’auto-flageller. Pourtant l’échec, c’est un processus normal, c’est la base de l’apprentissage ! Pour que l’échec se transforme en apprentissage, il suffit de se demander pourquoi ça n’a pas marché, et ce qu’on peut faire pour changer ça. L’écriture, c’est un processus hyper complexe, avec plein de phases différentes, et énormément de possibilités. C’est normal que tout ne roule pas sur des roulettes dès la première fois ! Mais il faut accepter de se poser les bonnes questions.
Sur l’échec, je vous conseille d’ailleurs l’article de Léa du Bazar de l’Imaginaire, que j’avais beaucoup apprécié.
Donc voilà, pour m’améliorer, et voir si ça vaut le coup de recommencer NaNoWriMo de la même manière l’année prochaine, je vais me pencher sur mes résultats de cette année.
Quelques statistiques
Ces statistiques sont le fruit d’un magnifique fichier Excel, qui vient des ressources françaises de NaNo, et que j’ai un peu modifié à ma sauce.
Au cours du mois de Novembre, j’ai écrit 52 366 mots (53 060 selon le compteur officiel).
J’ai écrit pendant plus de 77 heures (probablement plus près des 80), soit l’équivalent de plus de 2 semaines supplémentaires de travail dans mon mois…
J’ai écrit en moyenne 2h30 par jour et 679 mots par heure.
Mon jour le plus productif a été le 1er novembre, où j’ai écrit 5088 mots en 3 sessions de 2h chacune.
Mon jour le moins productif a été le 29 novembre, où j’ai écrit 216 mots en environ 1h. (oui, je sais, bouh, ma productivité a chuté drastiquement après ma victoire…).
J’ai écrit strictement tous les jours ce mois-ci.
Au niveau des plages d’écriture, j’ai écrit généralement 30 à 45 minutes dans le RER le matin, puis entre 1h30 et 3h le soir entre 20h et minuit. (Impossible pour moi de me réveiller à 5h pour écrire, et à partir de 23h, ma vue commence à me lâcher et mon cerveau aussi…).
J’ai atteint les 50k le 25 au soir (et péniblement écrit 2 000 pauvres mots supplémentaires pendant les 5 jours qui ont suivi).
J’ai aussi écrit 4 529 mots pour mon blog, que je n’ai pas eu besoin de compter pour remporter la victoire.
Mon bilan
Les points positifs
- L’évidence
On ne peut pas passer à côté du point positif principal : j’ai commencé à écrire ce roman il y a un mois, et j’ai déjà 50k mots ! J’ai déjà écrit la moitié, plutôt un tiers de ce roman (il y a toujours de la perte lors de l’édition). En seulement un mois ! Sachant qu’il m’a fallu 5 ou 6 ans pour écrire le premier jet du précédent, il est clair que je gagne en productivité…
Bien sûr ce que j’ai écrit n’est pas parfait. J’ai probablement trop d’exposition au départ, trop de descriptions qui se répètent, des scènes qui seront sans doute coupées. MAIS :
On peut améliorer des mots qu’on a écrit, même s’ils sont nuls. On ne peut rien faire pour ceux qu’on n’a pas écrits…
Même si je coupe des choses, j’ai des éléments de worldbuilding, une meilleure idée de mes personnages, et chaque mot sur le papier (enfin écran !) m’entraine à écrire mieux.
J’ai galéré pendant des années à faire avancer mon premier roman, et voilà que d’un coup j’ai déjà une moitié de deuxième roman ! C’est la magie de NaNoWriMo !
- La discipline
La raison pour laquelle j’ai galéré sur mon premier roman, c’est que je n’écrivais pas assez. Je n’étais pas inspirée, je n’avais pas le courage, je n’arrivais pas à m’y mettre.
Mon premier NaNoWriMo m’a prouvé que j’en étais capable. Le second l’a confirmé sans le moindre doute. Si je m’engage à atteindre un objectif, je le tiens. C’est excellent à savoir. J’ai aussi constaté que j’avais beaucoup moins de mal cette année à me mettre au boulot. L’autre bon côté, c’est que je me suis presque sentie désœuvrée ce weekend. NaNoWriMo aide à mettre en place une vrai habitude d’écriture, surtout pour les gens qui comme moi ont du mal à se motiver.
- L’étude de mes habitudes
J’ai renforcé un certain nombre de constatations que j’avais déjà faites sur les choses qui fonctionnent pour m’aider à écrire : plages d’écriture longues (idéalement 2 à 3h) sans interruptions ou divertissement, musique douce, éventuellement une tasse de thé. J’écris aussi facilement dans le RER, puisque l’ennui me rend immédiatement créative. Ça ne fonctionne que si je ne suis pas fatiguée. C’est important de savoir dans quelles conditions on est le plus efficace, pour reproduire au maximum ces conditions.
A ce sujet, j’avais beaucoup apprécié l’approche très « scientifique » de Rachel Aaron qui explique comment elle a réussi à passer de 2k à 10k mots par jour après être devenue autrice à plein temps.
Les points négatifs
- Le burnout
Pas d’inquiétude, je ne fais pas un vrai burnout, tout va bien. Par contre, le rythme NaNoWriMo n’est clairement pas un rythme que je peux maintenir durablement. Rappelez-vous, j’ai écrit plus de 80h ce mois-ci en comptant mes articles de blog. Je n’ai pas pris sur mes heures de sommeil pour écrire (à part celles dans le RER^^), donc je ne suis pas si fatiguée, mais j’ai quand même eu mal à la tête et mal aux yeux pendant la troisième semaine. Et surtout, je n’ai quasiment pas réussi à écrire la dernière semaine, et je ne vais probablement pas faire grand chose pendant mon mois de décembre. Le risque de NaNo, c’est de cramer toute son énergie, créative ou non, en un seul mois, et de ne plus rien faire le reste de l’année. J’avais souffert de cet effet après mon premier NaNo (je n’avais pas écrit pendant plusieurs mois ensuite, je m’étais penchée sur d’autres projets), mais j’espère pouvoir recommencer à écrire dès janvier cette fois, même si ce sera surement les corrections de bêta-lecture de mon premier roman.
- L’effet « droit dans le mur »
Pendant NaNo, j’étais concentrée sur l’écriture. Pour atteindre l’objectif, il ne faut pas trop se poser de questions, éviter de revenir sur son manuscrit, et avancer. Et ce n’est pas toujours une bonne solution. Par exemple, j’ai envie de faire rentrer mon roman dans la catégorie « windpunk », ce qui dans mon cas implique surtout des éoliennes et des engins volants. Notamment, ma toute dernière scène contient une course-poursuite avec des sortes de cerf-volants/deltaplanes dans un canyon avec des vents violents. Pour écrire facilement cette scène, il m’aurait fallu faire des recherches sur la météo, le fonctionnement des deltaplanes et parapentes, etc. Mais je n’avais pas le temps. Et j’aurais sans doute dû le prendre parce qu’il m’a fallu un temps infini pour écrire une petite moitié de cette scène. Je n’avais pas non plus assez planifié mon histoire, et je me suis retrouvée à plusieurs moments à ne pas avancer parce que je n’étais plus sûre de la direction dans laquelle j’allais. Dans les deux cas, ça aurait sans doute été plus facile si j’avais pris plus de temps pour planifier mon roman, mais je n’ai pas pu le faire. Et de toute manière, cette première expérience de planification me fait dire que je suis plus à l’aise avec un plan plutôt vague, avec des grandes lignes pour ne pas me perdre mais où je peux tout de même inventer les détails au fur et à mesure. Et pour ça, j’ai besoin de temps au cours de l’écriture.
Une solution
Compter les heures…
Cette expérience a été très intéressante pour moi, et je suis fière de pouvoir dire que j’ai réussi un NaNo « officiel », en suivant toutes les règles. Mais je ne sais pas si je recommencerai, en tout cas pas de la même façon. Comme vous avez pu le deviner d’après mon article Comment réussir NaNoWriMo à tous les coups, je suis une « rebelle » dans l’âme^^.
D’après mon expérience, je travaille mieux en comptant mes heures et non pas mes mots, ce que j’avais fait pour les deux NaNo où j’ai édité mon roman précédent.
D’abord parce que je n’écris pas très vite par rapport à beaucoup de participants, et donc en utilisant la conversion officielle de « 1h = 1000 mots », ça fait seulement 50h de travail, et non pas 80. Je peux même monter confortablement à 60 heures sans me tuer à la tâche, avoir les yeux qui saignent et le cerveau en compote.
Ensuite parce que ça permet de varier les tâches. Si j’ai besoin de faire des recherches pendant quelques heures, je peux me le permettre sans plomber mes chances. Si j’ai besoin de remettre de l’ordre dans mes notes, de retravailler mon plan, ou de mettre à jour mes fiches de personnages (pour qu’elles contiennent au moins le nom des personnages…), je peux le faire. Et ça me permet aussi d’adapter mon travail à mon état. Sur un mois, il y a forcément des jours où je suis fatiguée, ou un peu malade ou simplement pas concentrée. Et ces jours-là, au lieu de m’escrimer deux heures pour écrire 500 mots, je peux choisir une tâche moins intensive comme mettre à jour mes notes.
Cette façon de comptabiliser son travail (qui est d’ailleurs officiellement possible pendant les « Camps NaNo » d’avril et juillet) est beaucoup plus reposante pour moi, et au final je ne suis pas certaine qu’elle soit moins productive : le temps passé à faire des recherches par exemple me permet de visualiser mes scènes et de les écrire plus rapidement ensuite.
Chacun son chemin !
Par contre, ça ne veut pas dire que je vous conseille de faire la même chose ! Je sais que ça fonctionnera pour moi, parce que par exemple, je ne souffre pas du tout de la « maladie du worldbuilder » qui consiste à passer des heures et des heures à faire des recherches et des fiches sans rien écrire. J’ai déjà testé, et je sais que je ne passerai pas mes 50 heures à faire tout sauf écrire. L’important c’est de se connaitre et d’être conscient de ses faiblesses et de ses forces. Moi j’ai du mal à attaquer, j’ai tendance à procrastiner, mais je sais qu’une fois que je suis lancée, je vais écrire jusqu’au bout. Je peux donc me fixer un objectif en heures, parce que je sais que je ne vais pas tricher et faire autre chose pendant ces heures. Si vous avez du mal à rester concentré.e au contraire, compter les heures sera contre-productif, et il vaut mieux par exemple aller sur Discord et faire le plus de word wars possible. Chacun sa technique pour avancer !
En tout cas, je suis très heureuse d’avoir participé encore cette année, et je suis aussi un peu fière d’avoir réussi^^. Il ne me reste plus qu’à décider du cadeau que je vais me faire pour me récompenser…
Et vous, est-ce que vous avez participé ? Comment ça s’est passé ? Est-ce que vous comptez ajuster votre objectif la prochaine fois pour mieux coller à votre façon de travailler et à votre planning ? Dites-nous tous dans les commentaires !