J'y travaille

NaNoWriMo 2020 : c’est fini !

L’édition 2020 de NaNoWriMo termine ce soir à minuit, et c’est le moment de faire le bilan.

Que m’a apporté ma participation cette année ?

Les résultats en chiffre

Bon, on va parler des chiffres pour commencer.

Cette année, mon objectif était de travailler sur mon roman (et accessoirement sur mon blog) pendant au moins 30 heures dans le mois.

J’ai atteint cet objectif haut la main, sans la moindre difficulté. J’ai dépassé les 30h le 20 novembre. J’avais de la marge donc (ce que je savais déjà, puisque selon mes estimations, pour atteindre l’objectif officiel des 50 000 mots en 2018, j’avais écrit plus de 80 heures en un mois malgré mon boulot à plein temps).

Les chiffres

  • Nombres d’heures : 42 heures et des poussières
  • Nombre de mots sur mon roman : 34 079 mots
  • Nombre de mots sur mes articles et newsletters : 4 710 mots
  • Nombre de mots total : 38 789 mots

J’ai démarré le mois sur des chapeaux de roue, à la fois parce que j’ai eu plusieurs jours de congés (même si je n’ai pas cherché à écrire plus de 2/3 heures par jour ces jours-là), mais aussi parce que j’étais « inspirée » et parce que pour la première fois depuis longtemps, c’était un vrai plaisir d’écrire.

La deuxième moitié du mois a été plus mitigée. D’un côté, j’avais déjà atteint mon objectif et je ne ressentais plus le besoin de me bouger pour aller plus loin, et de l’autre, j’étais moins sûre de moi sur la direction que prenait mon roman. Moins sûre de moi tout court, j’ai aussi eu plusieurs jours où je ne me sentais pas très bien, physiquement et mentalement, ce qui n’aide pas à être super créatif.

Malgré tout, je suis très heureuse de ce que j’ai réussi à accomplir ce mois-ci. J’ai non seulement écrit plus de 35 000 mots en un mois, mais mon manuscrit a dépassé les 100 000 mots (oui, je sais, c’est beaucoup pour un roman loin d’être fini, mais comme j’ai besoin de « découvrir » l’histoire, il y a pas mal de déchet dans ce que j’écris, je ferais un bon tri très bientôt).

Ce NaNoWriMo est surtout une grosse victoire comparé à celui de l’année dernière, où je m’étais fixé l’objectif de 50 heures, un objectif plus élevé donc, mais où je n’avais réussi qu’à écrire 15 000 mots. NaNoWriMo l’année dernière avait été une torture constante, alors que j’ai eu de vrais moments d’euphorie cette année, en particulier au tout début.

Les leçons de 2020

Cette année, j’ai réussi à atteindre un rythme d’écriture inattendu, sans même le chercher. Alors que je ne dépassais que très rarement les 800 mots de l’heure ces dernières années, pendant les deux premières semaines, j’ai atteint presque systématiquement 1200 voir 1300 mots à l’heure, et il n’y a bien qu’en écriture que la vitesse me grise ^^.

Mais ce rythme effréné s’est effondré dans la seconde partie du mois, et je trouve intéressant de mettre le doigt sur les raisons de cette différence.

Petite précision : ce n’est pas parce que j’ai écrit plus vite dans la première partie du mois, que j’ai moins bien écrit… Au contraire, même si je n’ai pas encore relu, je suis à peu près certaine que ce que j’ai écrit plus vite est de meilleure qualité. Si j’ai écrit plus vite, ce n’est pas parce que j’ai sacrifié la qualité, mais surtout parce que j’ai été plus efficace. Et on va faire un point sur les raisons que j’ai identifiées, et je vais reparler de cette « efficacité » ensuite.

Pas de distractions

J’ai un léger défaut : je suis incapable de faire une seule chose à la fois. En particulier, quand je regarde un film (ou que j’écoute un cours, une conférence, une réunion), j’ai besoin d’une activité annexe un peu automatique qui n’engage pas totalement mon cerveau : du point de croix, du puzzle, des mots fléchés, quelque chose.

En pratique, ça m’aide à me concentrer, parce que ça m’empêche de penser  à autre chose pour combler les temps un peu plus morts, et ça m’occupe les mains. Mais je dois reconnaitre que je pousse parfois un peu loin le vice (genre en regardant à la fois une série et en jouant à un jeu sur ma tablette, et à un autre sur mon ordinateur et en discutant sur skype, oui oui, je fais ça, en même temps, quasi tous les soirs…).

Mais l’écriture, ça occupe 100% des neurones et d’ailleurs ça occupe aussi les mains. Du coup, quand je m’autorise à aligner des formes colorées sur ma tablette en même temps que j’essaie d’écrire, je perds drastiquement en rapidité…

Oui, je sais, c’est peut-être évident, mais chacun ses petites manies^^.

Une idée de ce que je vais écrire, mais pas trop non plus

Depuis la plus haute Antiquité, il y a les Architectes d’un côté, qui planifie leur roman dans le moindre détail, et les Jardiniers de l’autre, qui se laissent porter par le vent… Ou alors ce n’est pas du tout ça, et en fait tout le monde se trouve quelque part dans le spectre Architecte/Jardinier. Bref^^

Dans tous les cas, je cherche encore ma place. « Découvrir » un nouveau personnage ou une nouvelle péripétie est vraiment super motivant pour moi. C’est ce qui m’a portée sur le début du mois, j’ai commencé à me dire « et si mon héroïne trouvait [ce spoiler] ? Oh, et ensuite il pourrait se passer ça, et ça ! Et puis ça ! » et en un clin d’oeil j’avais écrit 20 000 mots et plus ou moins un arc narratif complet de mon roman.

Sauf que j’ai fini cet acte vers le milieu du mois, et ensuite j’ai un peu galéré, parce que je ne savais plus trop où aller. Comme mon objectif était en heure, je me suis permis de faire un peu de brainstorming, mais j’ai l’impression que j’ai besoin de laisser un peu plus reposer.

En gros j’ai l’impression que j’écris mieux si j’ai une bonne idée de ce que je veux accomplir dans un arc donné, tout en me laissant assez de marge pour avoir de nouvelles idées. Bref, mon process n’est pas encore au clair…

La confiance

Une autre raison qui a joué sur ma baisse d’efficacité dans les dernières semaines, c’est un changement d’état d’esprit.

Pour commencer, je n’étais pas super en forme physiquement. Par-dessus ça, j’ai reçu un refus d’éditeur pour le manuscrit de mon premier roman, et j’ai eu une discussion à propos d’écriture, qui sans être ouvertement critique, remettait en cause ma façon de travailler, et d’une certaine manière mes compétences. Bien sûr, je ne prétends pas du tout être experte en écriture, (le but de ce blog est surtout de partager ce que j’apprends au fur et à mesure, certainement pas de donner des leçons magistrales), simplement c’est toujours déstabilisant quand votre interlocuteur se conduit comme si les 5 dernières années passées à écrire et à réfléchir sur l’écriture, et à se former sur le sujet n’était que l’équivalent de peindre avec les doigts, et que certainement ce n’est pas comme ça que les « vrais auteurs » font…

Rien de cela n’était grave. C’est normal de recevoir des refus (J.K Rowling en aurait reçu des pleines charrettes pour Harry Potter, tout ça tout ça). Mais, par-dessus une bonne couche de fatigue, c’était suffisant pour réveiller le doute dans mon esprit : est-ce que ce que je suis en train d’écrire n’est pas complètement nul, est-ce que ça a le moindre intérêt, est-ce que je ne ferais pas mieux de tout laisser tomber et de faire plutôt du puzzle en regardant Netflix, c’est quand même vachement plus tranquille ?

Oui, le questionnement normal par lequel passe la plupart des auteurices. à un moment ou un autre de leur manuscrit… (il y a tellement de témoignages là-dessus que ne PAS passer par cette phase est probablement un signe qu’on est n’est pas vraiment auteurice^^)

Le problème, c’est que si tu penses à ça en écrivant, et bien tu te demandes à chaque mot si c’est le bon, et à chaque péripétie si tout cela n’est pas terriblement ennuyeux, et étrangement ça n’aide pas tellement à écrire…

Malheureusement, moi et la confiance en soi, ça fait environ 1 million. Quelque part, j’espère que si j’arrive à être publiée un jour, ça réglera le problème, mais justement à en juger par les témoignages des gens qui sont publiés, le syndrome de l’imposteur n’est pas si facile à vaincre…

Le flow

La fausse problématique de la rapidité

Augmenter la vitesse d’écriture est une préoccupation pour beaucoup d’auteurices, que ce soit pour gagner plus facilement un challenge comme NaNoWriMo, ou simplement parce que pour réussir à vivre de l’écriture à plein temps, il faut être capable de publier beaucoup (j’ai regardé récemment les vidéos d’une autrice américaine qui a enfin réussi à s’assurer une carrière uniquement sur son écriture, après 10 ans d’autopublication, pendant lesquels elle a sorti au minimum 3 livres par an…, perso je suis plutôt à 3 ans par livre^^).

Mais même si écrire plus vite est le résultat, ce n’est pas forcément la meilleure façon d’appréhender les choses. Alors oui, par exemple on peut améliorer sa vitesse d’écriture en améliorant sa vitesse de frappe, mais pour moi qui passe mes journées sur un ordinateur, c’est un conseil totalement inutile, mes doigts vont largement assez vite pour suivre ma pensée. La vitesse seule ne veut pas dire grand chose : on peut écrire très vite en écrivant toujours la même phrase… (all work and no play makes Jack a dull boy, en clin d’oeil à notre ami Stephen^^)

Plus que la vitesse, le flow

En me repenchant sur mon expérience de ce dernier mois, je me rends compte que ce que je devrais rechercher, ce n’est pas tant la vitesse que l’état de flow.

Flow dont voici la définition d’après Wiki :

[Le flow] est un état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement plongée dans une activité et qu’elle se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement.

Wikipédia, article Flow (psychologie)

Le flow, c’est l’euphorie dont je parlais au début du mois. C’est le moment où tu es devant ton clavier, où tu vois l’histoire, où tu fourmilles d’idées et où les mots ont l’air de couler tous seuls (d’ailleurs « flow » veut dire « flux » en anglais). Pour les amateurs de la série À la croisée des mondes, c’est toujours comme ça que j’ai imaginé l’état dans lequel Lyra se met pour lire l’aléthiomètre. Et le flow, ce n’est pas un nombre de mots. D’ailleurs en cette fin de mois, je pense que j’ai eu des sessions avec un rythme plus élevé qu’à mon premier NaNo en 2015, et pourtant sans atteindre cet état.

Alors oui, globalement dans le flow, on écrit plus vite, mais c’est simplement le résultat de tout cette concentration et cet engagement dont on parlait plus tôt.

Et mon dieu que c’est agréable^^.

Mais comment l’atteindre ?

J’aimerais bien avoir la recette miracle qui marche à tous les coups.

Mais au cours des années, en particulier grâce à mes participations à NaNo, j’ai une meilleure idée de certains déclencheurs.

Ce qui est intéressant, c’est que je me rend compte que je suis finalement très d’accord avec Rachel Aaron dont j’avais critiqué (dans le sens « analysé », pas dans le sens « dit du mal ») le livre 2k to 10k il y a quelques temps, où elle expliquait comment elle avait réussi à écrire plus efficacement (en faisant des stats, youpi^^) . Plus j’y repense, plus j’apprécie sa démarche. Les axes dont je parle ci-dessous ne sont pas exactement les mêmes que les siens, mais il y a une parenté certaine.

  • L’environnement

Il y a des facteurs environnementaux, par exemple, j’ai un faible pour la musique la plus planante possible, et au contraire le bruit d’un jeu vidéo d’action me rend folle. L’ennui m’aide aussi.

Je sais aussi que je suis plus efficace en soirée (mais de préférence avant 23h) et sur des plages de 1h ou 1h30.

Cela change pour chaque personne, l’important c’est de tester… Je dis ça, mais je n’ai jamais réussi à me convaincre de me lever 2h plus tôt pour écrire^^

  • L’état d’esprit

L’année dernière m’a prouvé que le stress et la fatigue peuvent être des freins énormes pour la créativité. J’ai eu la chance de ne pas avoir de migraine ce mois-ci, mais forcément ça n’aide pas non plus quand ça arrive.

En dehors de ça, Rachel Aaron parlait de réussir à s’enthousiasmer pour le passage qu’on veut écrire, et même si ce n’est pas quelque chose que j’ai pratiqué ce mois-ci, j’ai pu quand même tester ce conseil à ma manière. J’ai fait l’exercice cet été à l’échelle de mon roman : noter ce que j’aimais dans mon idée et pourquoi j’avais envie de l’écrire, et je pense que c’est en grande partie cet exercice qui m’a sortie du blocage qui m’avait paralysée toute l’année.

Le flow, c’est un état un peu particulier, et si on part en trainant les pieds parce qu’on est pas motivé, parce qu’on doute de son roman ou de soi-même, c’est presque raté d’avance.

  • La connaissance

Le dernier point de Rachel Aaaron, c’était de savoir à l’avance ce qu’elle devait écrire. Et sur ce point… Ma conclusion c’est que je n’ai pas encore trouvé le bon équilibre entre planification et improvisation.  À la fois, ne pas savoir ce que je vais écrire peut me paralyser en début de séance ou me faire tourner en rond, mais tout savoir me bloque aussi parce qu’alors je trouve ça ennuyeux ou pas assez bon…

Il faut encore que je travaille là-dessus.

Passons au bilan final.

Contente d’avoir participé ou non ?

Ravie^^.

Apprendre, toujours

Pour le moment, NaNo a toujours été une bonne expérience pour moi (même si j’aurais sûrement dû être beaucoup plus gentille avec moi-même en terme d’objectif l’année dernière). En particulier, se pousser à travailler un peu sur son projet chaque jour est toujours hyper instructif.

Rien que pour ça, je suis contente de participer à NaNoWriMo.

Une avancée énorme

Ensuite, même si la fin du mois a été un peu moins productive, j’ai vraiment avancé sur mon roman, et j’ai l’impression d’avoir une base un peu plus solide. Parce que même si en tout je dois avoir écrit… probablement pas loin de 140 000 mots sur ce projet (quelque chose comme 470 pages, donc déjà un bon gros roman), je « cherchais » encore un peu trop l’histoire. Mais cet été, je pense avoir trouvé le concept qui me manquait et tout ce que j’ai écrit depuis, même si cela ne se retrouvera pas forcément tel quel dans la version finale, sera au moins largement utilisable.

Jusqu’à présent, j’étais sur des sables mouvants, et je pense que mon histoire s’est enfin solidifiée. Et non seulement elle s’est solidifiée, mais j’y ai ajouté 34 000 mots !

Le plaisir d’écrire

Et le plus important, une des raisons pour lesquelles je ne voulais pas trop me pousser à mes extrémités, c’est que j’étais enfin en train de retrouver le plaisir d’écrire. Et c’est une mission réussie.

J’ai passé une bonne partie du mois grisée par l’écriture, et c’était vraiment chouette.


Même si je n’ai écrit « que » 38 000 mots, NaNoWriMo a donc été une vraie réussite pour mois cette année, puisque j’ai dépassé l’objectif que je m’étais fixé, et que j’ai écrit beaucoup plus que ce que j’espérais.

Et vous est-ce que vous avez participé ? Est-ce que vous avez atteint votre objectif ? En tout cas, j’espère que comme moi, même si vous n’avez pas forcément atteint les fameux 50 000 mots, vous avez su profiter de l’occasion et vous réjouir de votre avancée, quelle qu’elle soit !

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