
Quelques avertissements :
- Ce n’est pas une formule magique !
- Les étapes ne sont pas ordonnées
- Ce n’est qu’un aperçu rapide de chaque étape
On pourrait écrire un, et même plusieurs articles pour chaque étape ! Je ne serai donc certainement pas exhaustive… Mais j’essaierai de donner un maximum de références pour creuser le sujet.
Idée
- un contexte différent : par exemple l’Inde dans le cas de Ram-Leela, le futur, la préhistoire, ou encore un univers steampunk
- des personnages originaux : pour reprendre le cas de Roméo et Juliette, les héros sont toujours très beaux et jeunes, on pourrait écrire une version avec un couple de personnes âgées. Cela peut aussi être un roman de fantasy vu depuis le point de vue du méchant empereur, etc
- une intrigue originale : ici on retrouve toutes les idées « high-concept » (qui arrivent à se vendre uniquement à partir de leur pitch, comme Jurassic Park : « un parc d’attraction avec des dinosaures »), mais ça peut aussi être une subversion d’un genre donné. En fantasy par exemple, on attend souvent une intrigue de type « quête », raconter une enquête pour meurtre dans un environnement fantasy serait beaucoup plus original.
Recherches/Worldbuilding
Avant même d’avoir une idée :
Chuck Wendig conseille de lire aussi autre chose que de la fiction et de se servir de ses lectures comme source d’idées. Lire un article sur une nouvelle découverte scientifique pourra inspirer l’écrivain de science-fiction, tout comme lire sur des personnalités historiques, des cultures différentes etc pourra être source d’inspiration pour l’écrivain de fantasy autant que l’auteur historique. Pareil pour les faits divers, etc
Dans le pire des cas, vous pourrez toujours briller en soirée avec tout ce que vous aurez appris !
Avant de commencer à écrire :
C’est là qu’aura lieu la majorité du worldbuilding, c’est à dire littéralement la « construction du monde ». Worldbuilding est un terme généralement réservé à la fantasy ou SF où le monde est en pratique différent du notre. Quand on pense worldbuilding, on pense surtout à inventer des cultures et des religions, des nouveaux langages, des races extraterrestres, etc. Cependant, même si on écrit un roman totalement contemporain, le « monde » doit quand même être présenté au lecteur, être le plus captivant et immersif possible.
Par exemple, mon roman est contemporain, mais il se passe à Londres au sein d’un service pédo-psychiatrique. La majorité de mes lecteurs (moi compris) ne sont familiers ni avec l’un ni avec l’autre. Pour « construire mon monde », j’ai dû faire pas mal de recherches : par exemple, qui travaille dans ce genre de service ? Combien d’enfants sont acceptés ? A quoi ressemble une journée type ? Quelle est la couleur de l’uniforme des policiers anglais ? J’ai eu la chance d’aller plusieurs fois à Londres (ça compte comme de la recherche !), ce qui m’a permis de rajouter des détails, comme la rue de Whitechapel avec uniquement des restos indiens qui ont tous gagnés le prix du meilleur curry de Londres…
Les auteurs de fantasy/sf pourront se baser beaucoup plus sur leur imagination pour cette partie… mais pas que ! Si vos héros de fantasy se déplacent principalement à cheval, mieux vaut avoir une bonne idée de leur vitesse de déplacement sur de longues distances… Une bonne recherche sur les armes de combat médiéval, sur la logistique d’une armée ou d’un royaume peuvent rendre un roman beaucoup plus crédible. Avoir des notions de biologie peut permettre de créer de meilleurs races aliens, etc…
Au cours de l’écriture :
On peut continuer les recherches même pendant la phase d’écriture.
ATTENTION : les recherches et le worlbuilding ne doivent PAS remplacer l’écriture ! Pour écrire un roman, spoiler alert, il faut écrire à un moment…
Par contre, faire quelques recherches supplémentaires peuvent vous débloquer sur certaines scènes. Elles peuvent aider à mieux visualiser l’environnement, à mieux cerner le comportement des personnages, etc. En général, les recherches rajoutent des contraintes, et comme on le sait, les contraintes sont étonnamment utiles créativement.
Mon héros fait une thèse sur l’utilisation du jeu vidéo comme outil de diagnostic en psychiatrie et je devais écrire plusieurs scènes de thérapie basée sur le jeu vidéo. J’ai été incapable d’écrire ces scènes avant d’avoir passé plusieurs soirées à lire des articles spécialisés (la psychiatrie en anglais à minuit quand ce n’est pas ton métier, ça pique un peu les yeux). Je ne regrette pas du tout d’avoir pris ce temps sur mes heures d’écriture, puisque ça m’a permis de visualiser mes scènes et en plus de ça de découvrir des choses sur un de mes personnages et de le rendre plus réaliste.
Pendant les révisions :
En résumé :
- Le worldbuilding et les recherches ont le même but : rendre l’univers cohérent et immersif
- Les recherches ne sont pas une corvée ! Au contraire, elles peuvent aider à visualiser les scènes, comprendre les personnages, rajouter des contraintes créatives…
- Le worldbuilding n’est pas une excuse pour ne pas écrire !
- Les erreurs (de cohérence interne, de logique, de chronologie, etc) brisent la suspension d’incrédulité du lecteur, et c’est très mal^^
- Personne n’est dispensé !
Plan
Les avantages d’être un Architecte :
- Gain de temps énorme pendant la phase de révision.
Comme je le disais plus tôt j’ai écrit plus de 20 000 mots avant de décider de transformer mon roman en policier. La quasi-totalité est passée à la poubelle. J’ai aussi dû faire des modifications de structure énormes, réorganiser totalement mes scènes, en supprimer énormément qui n’allaient plus nulle part, en réécrire de nouvelles pour combler les trous, etc. J’ai jardiné au bulldozer. Pour un Jardinier, on parle souvent de « jet 0 » au lieu de premier jet pour exprimer l’idée que le résultat est très loin d’un roman cohérent… A l’inverse, les premiers jets des Architectes sont en général beaucoup plus propres et ne demande qu’un petit coup de peinture pour être présentables…
- Intrigues mieux construites, fins plus satisfaisantes
L’Architecte sait où il va, et en général, il a bien tracé le chemin jusqu’à son dénouement, qui parait en conséquence plus logique et plus satisfaisant. Pour reprendre mon exemple, on reproche souvent à Stephen King d’avoir des dénouements assez faibles ou tirés par les cheveux. L’Architecte pourra beaucoup plus facilement « préfigurer » des événements en laissant des indices à l’avance, il pourra aussi gérer des revirement de situations ou des révélations, surtout sur l’étendue d’une série de roman. Par exemple, J.K Rowling est une Architecte : elle a planifié ses romans grâce à des tableaux qui tracent l’avancée scène par scène de ses différentes intrigues, ce qui lui permet aussi de garder une cohérence sur 7 livres…
Les avantages d’être un Jardinier :
- Plus de liberté
Beaucoup d’auteurs se sentent bridés par un plan. Et certains perdent toute envie d’écrire l’histoire une fois qu’ils ont entièrement décidé ce qu’il allait se passer. La phase de rédaction peut devenir une corvée si tout est déjà fixé d’avance. Écrire sans plan est une excellente façon de se surprendre soi-même, et de faire travailler sa créativité à toutes les étapes de l’écriture.
- Personnages plus crédibles et plus attachants
Les Architectes fixent l’intrigue à l’avance et leur personnage principal est parfois « forcé » de suivre cette intrigue même si ce n’est plus cohérent avec son caractère. Au contraire, les Jardiniers ont tendance à se baser sur leur personnage principal pour décider la suite de l’intrigue en se demandant ce qu’il/elle ferait à chaque étape. Leurs héros.ïnes sont souvent mieux développés et leurs actions plus cohérentes.
Les méthodes :
- La populaire méthode du « flocon de neige » : c’est une approche fractale qui consiste à enrichir étape par étape son intrigue en la décrivant d’abord par une phrase, puis un paragraphe, puis une page, etc
- Le « voyage du héros » : c’est une méthode qui consiste à utiliser le monomythe comme structure de son histoire (peut-être utile pour les auteurs débutants, mais mieux vaut ne pas trop y coller ensuite)
- Le découpage scène par scène : il peut être fait sous excel, sur des cartes cartonnées, sur un tableau dans Scrivener, l’idée est simplement de résumer chaque scène sur une carte et de les réarranger ensuite
La « bible »
Cette étape est plus optionnelle, et peut être considérée comme la synthèse des étapes précédentes.
Quand on parle de plan, on désigne en général un document qui décrit l’intrigue. Cependant, planifier son roman, ce n’est pas seulement décider ce qui va se passer chapitre par chapitre.
Définition :
Dans le domaine de la télévision, on appelle « bible » : le document qui décrit « de façon détaillée le cadre général dans lequel évolueront les personnages principaux de la série : les éléments dramatiques communs, les lieux, les thèmes, la progression dramatique, la description détaillée des personnages principaux et de leurs relations« .
Beaucoup de personnes différentes travaillent sur une même série télévisée, parfois sur de très longues périodes, on comprend l’intérêt d’avoir un document de référence.
Cependant, c’est un outil qui peut être très utile aussi dans le cadre d’un roman et peut contenir :
- des fiches décrivant chaque personnage : leur physique, leur histoire, leur motivation, etc (il y a beaucoup de modèles sur internet, y compris des modèles qui peuvent s’intégrer dans Scrivener)
- des descriptions de principaux lieux de l’histoire, des plans, des cartes, etc
- le résultat de la phase de wordbuilding (fiches sur différentes races, différents royaumes, systèmes politiques, religions, etc
- des inspirations visuelles
- etc
Le format peut varier (classeurs, carnets, fichiers Word, projet Scrivener, etc)
Zoom sur les personnages :
Remarque : un Jardinier peut commencer un roman sans plan, mais avec une idée bien définie de ses personnages principaux et de leurs motivations !
Avoir des personnages solides est peut-être LE point le plus important d’un roman (ok, c’est sujet à débat…). Je n’ai pas le temps de décrire tous les enjeux de la création d’un bon personnage, mais vous pouvez lire l’article de Marièke en attendant que je ne m’attèle au sujet…
J’insisterai simplement sur un point : tous les personnages doivent avoir des motivations, et des motivations qui ne soient pas liées directement à l’intrigue. Par exemple, la motivation du grand méchant n’est pas « embêter le héros ». Ça pourra être « devenir khalife à la place du khalife » : l’ambition est une motivation qui existe dans la vraie vie.
De même un garde pourra avoir pour motivation « mettre assez d’argent de côté pour ouvrir sa pâtisserie » ou « être remarqué et devenir garde personnel du khalife ». Remarquez que dans le premier cas, le garde aura plutôt tendance à se mettre à l’abri en cas de problème (il ne veut pas mourir avant d’avoir accompli sa destinée de pâtissier) alors que dans l’autre il cherchera sans doute à faire preuve de bravoure pour monter en grade…
Ce n’est pas forcément nécessaire d’avoir un passé hyper complexe pour chaque personnage, de connaitre par cœur son plat préféré et ses opinions politiques. Par contre, une motivation peut être suffisante pour donner de la profondeur à un personnage, et cette motivation peut simplement être « recoller son mariage » ou « bosser le moins possible »…