Prêt à éditer !
Je progresse

Toutes les étapes pour écrire un roman – Partie 3 : Édition

Cette article fait partie de ma série Toutes les étapes pour écrire un roman. Il traite de toutes les étapes après l’écriture du premier jet..

Si vous n’avez pas lu les deux premières parties qui traitent respectivement  de la phase de préparation (les idées, le plan, la construction du monde et des personnages, etc), et de l’écriture du roman en lui-même, elles sont disponibles ici :

Allez le lire, je vous attends !

Prêt à éditer !

Vous avez écrit votre premier jet. Champagne !

Vous avez encore les mains pleines d’encre ou les poignets raides d’avoir tapé des milliers de mots, mais ça y est, vous avez écrit le dernier mot. Vous avez fini !

Fini ?

Non, le travail vient seulement de commencer… (* musique dramatique sur fond de bruits de tempête *)

Vous avez un manuscrit, maintenant vous allez en faire un roman, un vrai, le genre que les gens lisent dans le métro.

Remarque : vous avez tout à fait le droit d’écrire seulement pour votre plaisir et de ranger chaque manuscrit dans un tiroir une fois le premier jet complété. Dans ce cas, bravo, vous avez effectivement fini. La suite de cet article s’adresse à ceux qui souhaitent atteindre des lecteurs hors de la sphère privée, que ce soit en passant par une maison d’édition, en s’auto-éditant, en publiant sur Wattpad ou autre plateforme internet, etc.

Révision/réécriture

Avertissement : comme je l’explique au-dessus, cet article s’adresse aux auteurs.trices qui veulent présenter leur œuvre à un public (autre que votre grand-mère ou votre papa ou tout autre personne qui s’extasiait déjà sur vos gribouillis à la maternelle). Si vous voulez que votre livre soit lu, cette phase n’est pas négociable.
Même si vous auto-éditez. Même si vous publiez gratuitement sur internet.
Votre premier jet ne sera PAS un bon roman. D’ailleurs le deuxième non plus, probablement. Il sera bourré de fautes, d’incohérences, de passages beaucoup trop longs ou au contraire d’infos manquantes. Et si vous êtes un Jardinier, il y a des chances que votre premier jet soit un vrai bordel (oui, je jure, c’est mon blog, je fais ce que je veux !).
Donc vous allez vous retroussez les manches, et corriger tout ça :
  • pour vos lecteurs, qui ont des millions de choses à voir, à lire, à faire et pas de temps à perdre avec un roman pas terminé
  • pour vous, pour vous améliorer et avoir la satisfaction du travail bien fait (à part si vous aimez recevoir des dizaines de lettres de rejet, et/ou vous faire insulter sur internet…)

Chouette, des vacances

Coup de chance, la toute première partie de la phase de révision est super facile : il suffit de ne rien faire !
Laissez votre manuscrit de côté, (au grand minimum une semaine, la plupart des auteurs conseillent plutôt un à deux mois), et profitez de vacances bien méritées. Réfléchissez à votre prochain projet, découvrez un nouveau hobby, changez vous les idées.
Le but est de prendre du recul. Il faut pouvoir aborder votre roman comme si ce n’était pas votre bébé à vous, comme s’il n’avait pas votre nez, et votre fâcheuse tendance à utiliser trop d’adverbes en -ment.

Un état d’esprit

On ne va pas se le cacher, éditer/réviser son roman, c’est difficile.

Pour commencer, les révisions demandent des capacités très différentes de l’écriture. Là où écrire utilise la créativité, réviser mobilise le sens critique et analytique et des capacités de résolution de problème. Il est important de bâillonner son éditeur intérieur pendant la phase d’écriture (sous peine de ne jamais écrire ce premier jet et de corriger éternellement un premier chapitre imparfait), par contre, il ne faut pas oublier de retirer le chatterton au moment de corriger son manuscrit. Comment ?

  • En « prenant des vacances » comme évoqué au-dessus
  • En changeant de support : par exemple en vous relisant sur une liseuse, en changeant la police ou la taille des caractères, etc
  • En modifiant vos rituels : si vous écrivez toujours au même endroit, changez de lieu ; si vous avez un chapeau d’écrivain, ayez un chapeau de correcteur

Mais enclencher son cerveau de correcteur n’est pas suffisant. Reprendre un roman sur lequel on vient de passer des mois voire des années et le disséquer à la recherche du moindre défaut, c’est horrible ! C’est difficile, long et décourageant. S’il y a tant d’erreurs à quoi bon continuer ? Pourquoi ne pas tout jeter à la poubelle et passer au nouveau projet tout beau tout neuf qui frétille dans un coin de votre esprit ?

Vous pouvez. Mais dans ce cas, vous ne publierez jamais ce roman. Et probablement aucun des suivants, puisque le processus de révision sera toujours aussi difficile et douloureux et que vous aurez toujours un nouveau projet qui vous fera de l’œil. (NB : il n’y a rien de mal à ne jamais publier, tant que c’est votre choix de ne pas le faire…)

Mais j’ai un secret à vous confier. Moi, j’ai AIMÉ réviser mon roman ! Pourquoi ?

Parce que j’étais dans le bon état d’esprit.

Mon premier jet, c’était n’importe quoi. L’histoire n’était pas cohérente, la moitié des scènes n’allaient nulle-part, en plus d’être ultra bavardes. Il y avait des tonnes de choses que je détestais. Et dans la phase de révision, j’ai pris mes ciseaux, et clac, clac, j’ai réduit en charpie tous les passages que je n’aimais pas ! (En fait je les ai juste déplacés dans un autre dossier dans Scrivener, mais vous pouvez très bien imprimer votre manuscrit et réellement découper des passages). J’ai supprimé tout ce qui me déplaisait et ça c’était jouissif !

L’avantage de l’écriture, c’est que ce n’est pas un art-performance comme la danse par exemple. Vous n’avez pas un seul essai. Vous pouvez améliorer votre roman autant que vous le souhaitez avant de le publier !

Vous avez déjà écrit un roman, vous déjà des dizaines de milliers de mots, il ne vous reste plus qu’à choisir ceux qui fonctionnent, à réorganiser un peu, à couper par ci, à coller par là, à couper un peu votre diamant brut pour en faire le plus beau joyau !

Abordez les révisions non pas comme le moment où vous allez devoir trouver tous les défauts de votre roman, mais comme celui où vous allez avoir l’occasion de vous en débarrasser.

Pour aller plus loin : j’ai beaucoup apprécié cet article (en anglais) de Rachel Aaron sur sa méthode d’édition pour les gens qui détestent éditer.

Les différents types de révisions

Le terme « édition » ou « révision » est assez large et englobe différents types de correction, que les anglophones ont tendance à séparer en trois parties (je n’ai pas trouvé d’équivalent français aux termes, je ne sais pas s’ils existent) :
  • Les révisions de contenu (« content edit » ou « developmental edit » en anglais)

Cette partie s’attache à l’histoire en elle-même. On veut vérifier que l’histoire fonctionne d’un point de vue narratif, ça signifie aussi bien s’assurer que les personnages sont attachants avec des motivations solides que vérifier que l’intrigue est cohérente et bien rythmé (tout ce qu’on a pu voir dans la partie précédente sur les composants de la narration).

Mais c’est aussi le moment de vérifier qu’il n’y a aucune scène qui ne soit inutile. Idéalement chaque scène doit avoir plusieurs raisons d’exister : par exemple, introduire un élément de votre univers, faire avancer l’action et développer un personnage. Si une scène sert uniquement à présenter le système d’égout de votre monde par exemple, il faudra probablement la supprimer ou la combiner avec une autre. Combiner plusieurs scènes est une technique qui fait des miracles.

A l’inverse, vous devez vérifier qu’il ne manque pas de scènes pour la compréhension de l’histoire. Et vous pouvez aussi jouer sur l’ordre de vos scènes : que se passerait-il si votre héros apprenait plus tôt ou plus tard qu’il est l’héritier du trône du royaume orc ?  Est-ce que toutes vos sous-intrigues avancent en même temps ? Est-ce que l’action commence suffisamment tôt ? Est-ce que tous vos personnages sont nécessaires ou peuvent-ils être combinés ? Votre mentor peut-il aussi devenir l’objet des attentions amoureuses du héros ?

C’est aussi à cette étape que vous pouvez travailler sur les thèmes de votre roman, sur ses symboles, sur son ambiance.

  • Les révisions de style (« line edit » en anglais)

Même si votre histoire est passionnante, cela ne suffit pas à faire un bon roman. Encore faut-il que votre style soit agréable à lire.

Cela implique de vérifier la fluidité, la clarté du langage, la cohérence de la voix tout au long du roman, etc…

  • Les révisions techniques (« copyedit » en anglais)

Cette fois, il s’agit d’aller vraiment dans le détail du texte et vérifier la grammaire, la conjugaison, la ponctuation, l’utilisation des majuscules, etc… Vous devez aussi vérifier la cohérence des détails dans votre roman : par exemple, si votre licorne a une crinière rose dans le premier chapitre, elle ne doit pas devenir verte par la suite sans explication. Vous aurez peut-être à faire des recherches supplémentaires pour vous assurer que vous n’avez pas introduit de technologie anachronique dans votre roman historique (non, il n’y a pas de système d’égouts chez les vikings, arrêtez avec vos égouts !).

Choisir une méthode pour éditer son roman

« C’est bien gentil tout ça, mais en pratique, comment je fais pour corriger mon roman ? »
Oui, j’entends vos pensées, mais ne vous inquiétez pas, je ne dirais pas que c’est vous qui avez mangé la dernière part de gâteau.
Donc en pratique, vous allez :
  • Mettre votre manuscrit de côté pendant quelques temps, comme on l’a dit plus haut.
  • Relire entièrement votre roman, et prendre des notes : vous pouvez annoter le manuscrit, le stabiloter si vous voulez, mais je conseille de noter tous les problèmes que vous constatez dans un document à part.
  • Écrire un plan détaillé de votre manuscrit, même si vous n’avez pas fait de plan dans la première phase (surtout si vous n’avez pas fait de plan). Si vous aviez fait un plan avant d’écrire, refaite-le, il y a peu de chance que ce que vous avez écrit corresponde exactement à votre idée de départ. Ce plan doit au minimum contenir la liste de vos scènes avec un rappel de ce qui s’y passe. Vous pouvez rajouter la liste des personnages, le nombre de mots, les sous-intrigues concernées, etc… Tout ce que vous trouvez utile pour avoir une vision synthétique de la structure de votre roman (rien n’empêche de faire ce plan pendant la relecture). En écrivant ce plan, vous identifierez peut-être des problèmes supplémentaires, ajoutez-les à votre liste.

Ensuite, le processus varie selon les auteurs.trices. Certain.e.s ne peuvent pas se préoccuper des révisions de contenu sans avoir fait un passage sur leur roman pour nettoyer les fautes d’orthographes et les plus gros problèmes de style. D’autres aiment avancer chapitre par chapitre, voir même en commençant par la fin.

Ce que je conseille : si vous le pouvez, commencez par résoudre les plus gros problèmes (c’est à dire ceux de contenu). La raison est très simple : ça ne sert à rien de passer des heures sur la formulation d’une phrase si vous supprimez le chapitre entier un peu plus tard ! Pour prendre un exemple architectural : ça ne sert à rien de changer la tapisserie avant d’avoir fini de monter les murs…

Donc reprenez votre liste de problèmes et organisez la. Prenez le plus gros problème et réglez-le.

Par exemple, ça pourra être de changer totalement le caractère d’un personnage. Reprenez chaque scène où ce personnage apparait (dans ce cas ce sera utile d’avoir un plan de votre roman, surtout si vous avez noté les apparitions des personnages dessus) et corrigez-la.

Puis passez au problème suivant !

Avec cette technique, vous n’êtes plus face à une tâche insurmontable « éditer mon roman », mais plutôt face à une petite liste d’énigmes et de problèmes à résoudre : comment-est-ce que je peux rendre mon personnage orc plus sympathique ? Dans quelle scène j’introduis la rivalité entre orcs et licornes, si je supprime le prologue lourdingue sur la Grande Guerre des Licornes et des Orcs ? Etc… Et à un moment, vous êtes arrivés à la fin de votre liste et… vous pouvez probablement recommencer tout ce processus une ou deux fois de plus. Il y a de grandes chances que vous retrouviez des problèmes après une deuxième relecture. Mais il y en aura moins ! Une fois que vous serez satisfait du fond, vous pourrez attaquer la forme : le style et l’orthographe.

Quelques décisions qu’on peut garder pour la fin

Si ce n’est pas encore fait, vous pourrez profiter de la phase de révision pour :
  • Décider enfin des noms des personnages….
  • Choisir un titre : votre roman n’a pas vraiment besoin de titre tant que vous ne l’envoyez pas à des lecteurs, ça vous laisse un peu de temps pour réfléchir.
  • Découper votre roman en chapitres : une fois que vous aurez fixé la structure de votre roman, ce sera plus facile de le découper logiquement en chapitres.

Ces choix ne sont pas obligatoires avant, mais faites-les avant les dernières corrections stylistiques et techniques, cela vous permettra de vérifier que le nom de votre héros ne change pas d’orthographe en cours de route (la fonction Rechercher/Remplacer est votre amie !.

Bêta-lecteurs

Vous avez fini vos trois ou quatre relectures et corrigé tous les problèmes que vous aviez noté. C’est le moment d’envoyer votre roman à une maison d’édition ou de le publier sur internet !
PAS DU TOUT !

Une étape obligatoire

Votre roman, c’est votre bébé. C’est vous qui l’avez fait, vous êtes habitué à sa grosse tête et à ses yeux un peu globuleux, pour vous c’est le plus beau bébé du monde. C’est donc le moment de le montrer à d’autres que vous, d’autres qui le verront pour ce qu’il est, c’est-à-dire UN HORRIBLE MONSTRE. Pardon, un être amené à évoluer, avec ses qualités mais aussi ses défauts (en vrai, je n’ai rien contre les bébés).
Métaphore à part, les bêta-lecteurs sont indispensables. Même si vous avez pris autant de recul que possible, chaque lecteur va aborder votre roman différemment, avec son propre bagage culturel, ses propres processus de pensée, ses propres goûts, etc. Et il y a de grandes chances que vos lecteurs ne comprennent pas tel passage aussi bien que vous le pensiez, qu’ils aiment tel personnage beaucoup moins que vous, etc. C’est aussi pour ça qu’il vaut mieux avoir plusieurs bêta-lecteurs : si tous vous remontent le même problème, c’est qu’il y a VRAIMENT un problème. Si un seul le remarque, peut-être que ce n’est pas si grave.
Donc, la première chose que vous allez faire… c’est de lire mon article sur le sujet. J’y explique dans le détail à quoi sert un bêta-lecteur, comment les choisir, ce que vous pouvez leur demander…
Ce qu’il faut retenir, c’est que le bêta-lecteur doit vous aider à détecter des problèmes que vous n’aviez pas vus vous-même. Cherchez plutôt à obtenir des informations sur le contenu que des corrections orthographiques (encore une fois, ça ne sert à rien de leur faire prendre du temps à corriger vos fautes si vous coupez la scène ensuite. Vous pourrez toujours faire des relectures spécifiques plus tard).

Les retours des bêta-lecteurs

Dans mon premier article sur les bêta-lecteurs, je n’ai pas parlé des retours, puisque à ce moment-là je venais de recruter mes propres bêta-lecteurs et de leur envoyer le manuscrit. Mais depuis j’ai eu l’occasion de me lancer dans cette merveilleuse aventure qu’est l’analyse des critiques de bêta-lecture…
J’en parle dans un article général sur Comment analyser ces retours, mais aussi dans une étude de cas appliquée sur mon propre roman, pour vous montrer en pratique à quoi ça peut ressembler.
Mais en résumé, que faire donc lorsqu’on reçoit les retours de ses bêta-lecteurs ?
  • Remerciez-les ! Ils ont passé beaucoup de temps à lire votre manuscrit pas fini, ça mérite reconnaissance. Et surtout ne réagissez pas violemment contre les critiques, ces critiques, c’est vous qui les avez demandées.
  • Respirez profondément, ou avalez un verre de whisky cul sec (à consommer avec modération). Si vous pensiez que réviser votre roman, c’était douloureux et décourageant, attendez de recevoir les retours de vos bêta-lecteurs… C’est comme si vous aviez mis une photo de vous tout.e nu.e sur internet et que vous aviez demandé à tout le monde de commenter vos défauts, forcément ça fait mal. Relativisez. Oui votre roman a des défauts, mais si vos bêta-lecteurs ont trouvé des problèmes, c’est qu’ils ont bien fait leur travail. Aucun manuscrit n’est parfait, même ceux des plus grands auteurs. Votre roman n’en sera que meilleur une fois que vous aurez corrigé tout ça !
  • Analysez les retours aussi objectivement que possible. Si besoin laissez passer un peu de temps, pour être sur un mode intellectuel et non émotionnel. Un défaut de votre roman n’est pas une tare personnelle ! Si votre manuscrit n’est pas parfait, ça ne veut pas dire que vous êtes nul.le et que vous feriez mieux de faire du macramé. Ça veut dire que votre roman pourra être encore meilleur, et que vous allez apprendre et vous améliorer (rappelez-vous : on ne nait pas écrivain, on apprend à écrire !). Si besoin, répétez-le sur votre blog… (cet article n’est pas du tout une tentative d’auto-persuasion…) Ensuite, demandez-vous si chaque remarque s’applique, et qu’est-ce que vous pouvez faire pour y remédier.
  • Recoupez les critiques : vous pouvez utiliser la règle des 3. Si 3 lecteurs font la même remarque, c’est qu’il y a un problème. Sinon ne corrigez que si le point remonté vous embête aussi.
  • Traduisez : vos lecteurs ne seront pas forcément des auteurs. Leurs critiques pourront être des symptômes plutôt que des diagnostics. Par exemple, « je me suis ennuyée au début » peut vouloir dire que l’événement perturbateur survient trop tard. De la même manière, vous n’êtes pas du tout obligés de suivre à la lettre les propositions de vos bêta-lecteurs, par contre considérez une proposition comme un autre élément de diagnostic. Par exemple, si on vous dit « tu devrais changer et prendre Untel comme tueur », ça peut vouloir dire que la personne que vous avez choisi actuellement n’a pas de motivation assez solide pour commettre le meurtre. Ou que vous n’avez pas bien dosé les indices. Vous pouvez recouper avec les autres critiques pour diagnostiquer.
Ensuite, regroupez toutes les remarques pertinentes et traitez-les exactement comme la liste que vous aviez constituée vous-même pendant la phase de révision. Et corrigez-moi tout ça !
Vous pouvez faire plusieurs phases de bêta-lecture, en alternant ou non avec des phases de révision personnelle.

La suite

Cette fois ça y est, votre manuscrit n’a plus une virgule de travers. Il est prêt !

Et maintenant ?

Vous avez deux options principales : passer par une maison d’édition ou vous auto-éditer. Je vais vous présenter rapidement ces deux options et leurs avantages respectifs.

Par contre, sur les étapes précédentes, mes conseils étaient basés autant sur mes propres expériences que sur mes lectures. Pour celle-ci je n’ai aucune expérience personnelle à apporter : je ne suis pas (encore !) publiée, à part quelques textes sur des plateformes sur internet. Je vais donc faire une synthèse de ce que j’ai pu lire ailleurs, avec les avantages et inconvénients de chaque option.

Pour plus d’informations sur le processus d’auto-édition, vous pouvez lire l’article de Cordélia

Accessibilité :

C’est le « désavantage » le plus cité de la maison d’édition : c’est extrêmement difficile de se faire publier. Mais cette difficulté est là pour une raison : pour s’assurer de la qualité de ce qui arrive aux yeux du public. Cependant, même si votre roman est excellent, il peut arriver qu’il soit dans un genre qui n’est pas à la mode en ce moment, ou un peu trop particulier pour toucher un large public. Dans ce cas, il sera préférable de s’auto-éditer.

Et attention, s’il est « facile » de s’auto-éditer, il ne faut pas oublier deux choses :

  • Ce n’est pas parce qu’on peut publier n’importe quoi qu’il faut publier n’importe quoi (cela implique entre autres de payer un professionnel pour éditer son texte !).
  • Tous les aspects de la publication seront à votre charge, et c’est un métier, c’est pour ça que les maisons d’édition existent. Il faut donc être préparé à travailler encore après fini votre roman, pour faire votre marketing, trouver des financements, choisir une couverture, un titre, etc. Et si vous faites tout cela à moitié, vous ne vendrez aucun livre.

Aspect financier :

En résumé, l’auto-édition peut permettre de gagner plus d’argent, mais la publication traditionnelle est moins risquée :

  • Investissement : dans l’auto-édition, vous allez devoir avancer de l’argent : pour vous payer une jolie couverture, pour faire éditer votre roman par un.e professionnel.le, éventuellement pour en faire imprimer des copies, etc. A l’inverse, avec une maison d’édition, vous devriez recevoir un à-valoir (de l’ordre de 1000 ou 1500 euros pour un premier roman). Attention, si la maison d’édition vous réclame de l’argent, fuyez !!! L’à-valoir est une preuve de l’investissement de la maison d’édition dans votre roman. Vous n’aurez pas besoin de le rembourser, même si vous ne vendez aucune copie.
  • Droits d’auteurs : avec une maison d’édition, vous aurez un contrat qui stipulera que vous toucherez entre 8 et 12% du prix d’un livre, selon le nombre de livres vendus (jusqu’à 18% pour les plus gros auteurs). En auto-édition, je n’arrive pas à trouver de chiffres fiables (si vous en avez, donnez-les dans les commentaires), mais la part devrait se trouver entre 30 et 70% du prix de vente. Dans tous les cas, c’est bien supérieur.

Aspect logistique :

  • Délais : avec une maison d’édition, vous pouvez attendre un an avant d’avoir une réponse, encore un an avant d’être publié et après ça la maison d’édition peut arrêter de vendre roman à n’importe quel moment. En vous auto-éditant, vous décidez de la date de sortie et vous pouvez continuer à vendre votre roman aussi longtemps que vous le souhaitez.
  • Distribution : si vous voulez voir votre roman sur les étagères d’une librairie, vous êtes quasi obligé de passer par une maison d’édition. Vous pouvez faire imprimer vous même une version papier de votre roman à vendre à la demande ou dans des conventions si vous vous auto-éditez, mais vous ne serez certainement pas présent.e dans toutes les Fnac du pays…
  • Contrôle créatif : comme je l’ai dit dans la partie Investissement, c’est la maison d’édition qui s’occupe de vous payer une belle couverture. Cela signifie que c’est la maison d’édition qui va la choisir (avec un niveau variable de contrôle de la part de l’auteur). C’est aussi elle qui décidera du titre, et qui pourra vous demander de faire des modifications sur votre contenu. Si l’idée qu’on puisse changer votre titre ou choisir votre couverture à votre place vous hérisse le poil, choisissez l’auto-édition. Par contre, sachez que 90% des ventes (chiffre non contractuel…) se fera sur la couverture et le titre, vu que vous ne vous appelez pas Stephen King (si vous vous appelez Stephen King, je suis très honorée^^). Donc si vous choisissez mal votre couverture, ou si vous la faites à la main sous Paint (surtout ne faites pas ça, embauchez un professionnel !) personne ne lira votre chef d’œuvre. Les éditeurs n’ont peut-être pas raison dans 100% des cas, mais c’est tout de même leur métier.

Aspect social :

  • Marketing : dans tous les cas, à part si vous êtes un auteur ultra connu, vous allez devoir gérer vous-même une grande partie de votre marketing. Cependant, la maison d’édition vous ouvrira des portes, vous fournira des contacts, et vous n’aurez sûrement pas à créer vos bannières publicitaires avec vos petites mimines. Ils auront probablement des gens pour vous conseiller sur votre stratégie publicitaire. Et vous aurez beaucoup plus facilement une critique dans Télérama si vous êtes publiés par Plon que par … vous-même. Côté auto-édition, il faudra tout faire tout seul, et si vous voulez vendre plus de trois exemplaires sans vous ruiner en publicités sur Facebook, il va falloir vous former en stratégie marketing.
  • Reconnaissance : pour l’instant, c’est encore difficile d’obtenir le sceau « écrivain » sans passer par le contrôle d’une maison d’édition. C’est compréhensible, n’importe qui peut publier sur internet, alors qu’une maison d’édition fait office de tamis. Les mentalités commencent à changer (surtout grâce à d’énormes succès en auto-édition) mais pour l’instant être accepté par une maison d’édition reste le moyen le plus sûr d’être pris au sérieux.

En résumé :

L’auto-édition est pour vous si : vous avez un projet hyper original (par exemple multi-média) ou dans un genre peu vendeur, si vous souhaitez vivre rapidement de l’écriture, si vous voulez avoir un contrôle absolu sur votre roman.

La publication traditionnelle est pour vous si : vous voulez la reconnaissance plus que l’argent, vous n’êtes intéressé que par l’écriture et pas par le reste des métiers du livre, vous voulez voir votre roman dans une librairie.

Moi, je n’ai toujours pas décidé si je voulais publier mon roman, c’est un premier roman et je ne suis pas certaine qu’il soit assez bon (10/10 en confiance en soi !).

Mais si je prenais cette décision, j’essaierai de passer par une maison d’édition. Justement, être acceptée par une maison d’édition me permettrait de me dire que oui, j’ai le niveau. Après ça, je pourrais envisager de m’auto-éditer, puisque je saurais que je ne suis pas en train de vendre de la merde à de pauvres lecteurs sans défense. Mais de toute manière, je n’aurais probablement pas l’envie d’investir le travail nécessaire pour m’auto-éditer de manière professionnelle. Mais chaque chose en son temps !

Et vous ? Vous aimez réviser votre roman ? Vous êtes déjà publiés ? Côté traditionnel ou côté auto-édition ? Dites-moi tout dans les commentaires !

5 réflexions au sujet de “Toutes les étapes pour écrire un roman – Partie 3 : Édition”

  1. Wow, bravo et merci pour cette série d’articles super complets ! Je suis bluffée ! ça a le mérite de synthétiser beaucoup de choses que j’avais lues sur les diverses petites étapes que tu décris, et de proposer aussi quelques autres idées intéressantes, notamment tes conseils sur les révisions de contenu.
    En ce qui me concerne, j’ai la chance d’avoir rencontré une maison d’édition qui vient de se monter et qui permet de réunir un peu le meilleur des deux mondes 🙂 J’ai leur appui pour les corrections, toutes les étapes de mise en page, de graphisme, d’impression et de diffusion, mais en même temps on a une relation très directe et je peux toujours donner mon avis. C’est vrai que ça prend du temps, mais je crois que j’aurais eu beaucoup de mal à faire tout ça moi-même !

    1. Merci 🙂 J’avais prévu de faire un seul article au départ, et je me suis un peu laissée emporter…
      J’ai lu plusieurs auteurs qui disaient qu’effectivement, trouver une petite maison d’édition pouvait être un très bon choix. Entre autres parce que les grosses maisons se préoccupent surtout de leur best-sellers, alors qu’une plus petite maison aura beaucoup moins d’auteurs à gérer et donc plus d’attention à donner à chacun. En tout cas c’est super que tu aies trouvé chaussure à ton pied !

  2. Merci beaucoup pour ce guide très complet pour éditer son roman ! Personnellement j’ai de moins en moins confiance dans les maisons d’édition, la communication est parfois bancale pour une nouvelle sortie et c’est dommage… Je me tâte du coup à me lancer dans l’auto-édition mais en me faisant accompagner dans un premier temps par une plateforme, j’habite pas loin de cette société qui propose ce service : https://www.pumbo.fr/publier-un-livre mais je suis aussi à la recherche d’avis et de retour d’expérience de personnes qui s’y connaissent plus que moi dans ce domaine. N’hésitez pas à me donner votre ressenti, je suis très curieuse. 🙂
    Bonne continuation à vous et encore bravo !

    1. Désolée pour cette réponse tardive (j’étais en vacances très loin d’internet) et merci pour ton commentaire ! Pour l’instant je n’ai aucune expérience personnelle de la publication (que ce soit en auto-édition ou traditionnellement), je ne peux pas vraiment partager mon expérience. Par contre, d’après ce que j’ai lu, il faut être extrêmement prudent avec les plateformes d’auto-édition qui peuvent être payantes sans proposer de véritables services en retour.
      En général, un auteur auto-édité par lui-même va effectivement dépenser de l’argent pour payer le design de sa couverture, la mise en page de son livre, la correction par un éditeur, etc. Ce sont de véritables services, qui représentent beaucoup de travail pour l’artiste, l’éditeur, etc et il est donc normal de payer pour cela. Si la plateforme demande de l’argent, il faut s’assurer qu’on obtient bien ce genre de service en échange, et non pas du vent ou des choses qu’il est possible d’obtenir gratuitement par ailleurs… Et aussi s’assurer que ce n’est pas une plateforme qui oblige à acheter soi-même un certain nombre d’exemplaires pour les revendre ensuite, ce qui est généralement une perte d’argent. Autre point important : vérifier les droits que la plateforme s’octroie sur ton roman (par exemple qu’elle ne t’empêche pas de publier une suite ailleurs, ne prends pas un pourcentage énorme de tes ventes sans raison, etc). Une petite recherche sur la plateforme pour vérifier qu’elle n’a pas été dénoncée comme étant une arnaque peut être une bonne idée !

      1. Hello ! Merci beaucoup pour ta réponse et ton avis ! Effectivement je vais bien me renseigner avant pour être sûre et ne pas me faire avoir, ce serait dommage. Bonne continuation à toi ! 🙂

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