Je progresse

Comment j’ai recommencé à écrire tous les jours

Les spécialistes sont formels, pour devenir un vrai auteur, ou une vraie autrice, il faut écrire tous les jours. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire, n’est ce pas ? Laissez-moi vous raconter comment j’ai réussi…

Prêts pour écrire un roman

Petite préface avant de commencer

Avant de commencer à me vanter sur ma discipline de fer et ma motivation inébranlable (ahahah), quelques précisions qui me paraissent indispensables.

Vous n’êtes pas obligé(e) d’écrire tous les jours

Vous n’avez pas besoin d’écrire vraiment tous les jours. Non vraiment ! Peu importe comment vous écrivez, l’important c’est d’écrire.

D’ailleurs, même si je dis dans mon titre que j’écris tous les jours, ce n’est pas vraiment le cas (plutôt 5 ou 6 jours sur 7), et ça fait justement partie du secret de ma réussite : on en reparle juste après.

Avoir une routine facilite (énormément ! ) les choses, mais votre routine peut avoir lieu tous les weekends ou un jour sur deux ou un mois par an. Du moment que ça marche pour vous, et que ça marche durablement, ne laissez personne vous juger (surtout pas vous-même).

Ce n’est pas possible pour tout le monde, à n’importe quel moment, et c’est normal

En ce moment, j’arrive à écrire presque tous les soirs. Mais je suis dans une période de ma vie où c’est possible pour moi. Je n’ai pas d’enfants, on ne me demande plus de faire le boulot de deux personnes au travail, mes problèmes d’yeux et de migraines se sont enfin calmés et je n’ai pas d’autres obligations.

Toutes les heures que vous passerez à écrire, ce sera au détriment d’autre chose. Alors oui, si vous trainez 3 heures par jour sur Tiktok ou sur Insta par exemple, ce ne sera pas trop déchirant de faire le choix d’écrire à la place (pas déchirant mais pas forcément facile non plus).

Par contre, si vous passez ces heures à réviser pour un examen important, à vous occuper de vos enfants ou d’un proche malade… Vous avez probablement raison de ne pas écrire trois heures par jour.

Dans tous les cas, si vous êtes envieux ou envieuses de ma performance, dites vous que je n’ai pas passé ces heures à faire le ménage, ni à faire du sport, ni à voir ou écrire à mes amis, ni à faire du bénévolat, ni à reprendre la guitare, ni à faire mes propres cosmétiques ou produits ménagers, ni à…

La liste de ce que je n’ai pas fait (et me reproche de ne pas faire) est infinie…

Une solution magique… pour moi !

Enfin, ce dont je vais vous parler n’est pas une recette miracle. Parce que les recettes miracles n’existe pas (promis je vais finir mon article sur le sujet un jour). Je répète, les recettes miracles n’existent pas.

Pour commencer, je suis juste une personne lambda qui écrit un peu et en parle sur internet. Mais même si j’étais Tolkien en personne, mes conseils ne seraient pas forcément applicables. Ce n’est pas parce que ça a marché pour moi à cet instant de ma vie, que ça fonctionnera pour n’importe qui. Cela ne peut pas fonctionner pour n’importe qui, puisqu’on est tous différents. Si vous ne rencontrez pas le même genre de problèmes que moi, mes conseils pourraient même être contreproductifs pour vous.

Mais comme je suis plutôt serviable, je vais vous dire quel genre de problème je rencontrais pour vous aiguiller…

Là où j’en étais

L’inertie, mon ennemie

Mon principal problème, que ce soit pour une session ou pour une saison, c’est de réussir à démarrer… Mon principal obstacle pour écrire tous les jours, c’est simplement de réussir à m’y mettre.

J’ai beaucoup de mal à me lancer, je peux perdre une heure à me dire « encore une chanson », « encore un chapitre », « encore un niveau ». Et une fois que je m’arrête d’écrire régulièrement, il me faut littéralement des mois pour reprendre. Souvent parce que je suis en train d’apprendre quelque chose de nouveau, que ce soit une nouvelle langue, coder une appli ou une nouvelle discipline artistique.

Dans le mille à tous les coups

D’un autre côté, je n’ai aucune difficulté à atteindre un objectif quand je m’en fixe. D’abord, parce que je ne suis pas quelqu’un de très optimiste donc je ne me fixe jamais des objectifs impossibles. Et ensuite, une fois que j’ai décidé de le faire, mon côté « bonne élève » qui a peur d’échouer prend le relai, et fais tout pour y arriver. Cela m’a permis d’atteindre systématiquement mes objectifs en période de NaNoWrimo, même réussir le NaNo officiel les 2 fois où je l’ai tenté (au prix de 80h de boulot dans un mois en plus de mon temps plein).

Mais bizarrement, après ça, j’avais toujours besoin d’une pause, et hop le temps de cligner des yeux et c’est déjà le mois d’avril et je n’ai pas écrit un seul mot…

Donne-moi deux heures…

Pour revenir sur la difficulté à commencer, je sais que beaucoup de gens conseillent de faire des « sprints » d’écriture, où on écrit pendant 10 ou 20 minutes et on recommence. J’ai essayé et c’est une catastrophe pour moi. Moi, j’ai du mal à démarrer, mais une fois que je suis lancée, je peux écrire pendant 1h30 ou 2 heures sans difficulté. C’est même autour des deux heures que je suis de loin la plus productive (statistiques NaNo à l’appui), parce que j’ai aussi besoin d’un temps de chauffe.

C’est la même chose au travail, tu me donnes 10min, je ne fais strictement rien. Par contre, en une heure, je suis super efficace. Au-delà de 2h par contre, c’est fini, j’ai épuisé tous mes neurones, et je suis incapable de me concentrer.

Le constat

Forte de cette expérience, issue de NaNoWrimo, je cherchais donc des soirées, avec au moins deux heures devant moi, voir plus.

Mais malgré mes efforts, ce n’était pas une réussite. En particulier cette année, où j’avais envie d’écrire, mais des problèmes fréquents de migraines et de douleurs constantes aux yeux, en plus d’être franchement crevée d’avoir une charge de travail impossible à gérer sur le long terme.

Et même mes « réussites » de NaNoWriMo n’en étaient pas vraiment sur le long terme. J’avais effectivement atteint mes objectifs, fait des progrès énormes sur mes projets, au prix de mois complets de pause ensuite, et du temps qu’il faut à la fois pour se remotiver, mais aussi pour se souvenir de ce qu’on faisait… J’étais l’équivalent d’une coureuse qui se défoncerait dans un marathon par an, avant de ne plus quitter son canapé pour les 11 prochains mois.

Le déclic : et si on en faisait plus en cherchant à faire moins ?

Si vous avez suivi ce blog (ou simplement lu la section précédente), vous savez que j’aime beaucoup participer à NaNoWriMo chaque année (ou presque j’ai dû sauter 2021 seulement depuis 2018). C’est le challenge qui m’a appris que j’étais capable d’écrire, qui m’a permis d’avancer sur mes projets, qui m’a redonné de l’élan à différents moments, prouvé que je pouvais avoir une vraie discipline d’écriture. Mais NaNoWriMo arrive à une période de l’année où je suis souvent crevée, et surtout c’est un challenge incroyablement difficile dans sa version originale. Même quand je participais en période de réécriture d’un roman et que je comptais les heures (50 h ou 30h selon mon inspiration), cela représentait beaucoup d’effort et beaucoup de travail.

En 2023, j’avais envie de participer, mais je savais que je n’étais pas en mesure d’y passer autant de temps, pour plein de raisons, et je me suis donnée un objectif « facile » : 30 minutes par jour. Pour celles et ceux qui n’ont pas suivi au début, ce n’est pas parce que c’est « facile » pour moi que ça l’est pour tout le monde. C’était facile logistiquement, mais pas forcément moralement : ma seule charge était de m’occuper de ma pauvre vieille minette dans ses derniers jours (<3 Mescal).

En mode « easy » : le miracle

En 2024, je n’ai pas voulu participer « officiellement » à NaNoWriMo en m’inscrivant sur leur site après la déconvenue de leurs déclarations sur l’IA etc. De toute manière, j’étais encore en période de décompression après une année de travail un peu trop violente.

Donc j’ai testé une nouveauté : essayer d’écrire 30 minutes seulement, tous les jours, mais sans pression et sans contrôle. Je n’ai pas noté le temps passé, pas cherché à faire des statistiques.

Ma seule contrainte : chaque jour, me mettre devant mon clavier, et essayer d’écrire un peu.

Et si j’étais trop fatiguée, si les mots ne sortaient pas, je laissais tomber. Mais la majorité du temps, je finissais par écrire 1h, 1h30, parfois plus !

Et le plus beau là-dedans, c’est que je ne me suis pas arrêtée le 1er décembre. Je ne me suis pas arrêtée du tout. J’ai écrit quasiment tous les jours depuis.

Et j’ai fini une version de mon roman, en deux fois moins de temps que ce que j’avais prévu.

Ecrire 5 mots, s’il le faut, mais écrire chaque jour

Le pacte que je fais avec moi-même, ce n’est pas « aujourd’hui, je dois écrire pendant deux heures minimum, et si je n’y arrive pas il faudra rattraper demain ou ce weekend ». Non, le pacte, c’est « écris un peu ». Et si ce soir, je suis trop fatiguée, ou j’ai la migraine, ou je sors voir des amis, je ne culpabilise pas, et je ne me mets pas la pression.

J’ai conscience que pour certaines personnes, cela peut sembler évident ou absurde. C’est pour cela que je précisais que c’est une recette magique pour moi. Mais si comme moi, vous avez tendance à vous décourager devant l’ampleur de la tâche, ou devant sa difficulté, alors essayez de vous fixer un objectif plus faible, qui vous parait facile. Ecrire une phrase, tous les jours. Ou si vous êtes en train d’écrire une scène particulièrement compliquée ou de faire des corrections difficiles, commencez par une tâche simple et/ou amusante : nommer des personnages, remettre de l’ordre dans vos notes, etc.

Testez simplement, dites-vous que c’est juste pour 30 minutes. Si ça parait trop, 10 minutes. Mais ne mettez pas de chrono. Essayez d’écrire et si vous n’en pouvez plus, arrêtez. Mais vous verrez peut-être que la plupart du temps, vous n’avez plus envie d’arrêter, que ce n’est pas si difficile que ça. J’espère que ce sera le cas !

Et, je sais que « fixe-toi des objectifs plus faibles » ne va pas résonner avec tout le monde. En particulier, les personnes qui sont plutôt du genre à papillonner d’une tâche à l’autre, cela risque de ne pas les aider beaucoup. Si vous faites partie de ces personnes, je vous renvoie vers les sprints d’écriture ! Et surtout vers les personnes qui partagent ce genre de problème et ont trouvé leurs propres solutions.

La routine habituelle, quoi !

La beauté de la chose, c’est qu’à force de s’astreindre à écrire, tous les soirs ou presque, ça se transforme en habitude. Et une fois que c’est une habitude, ça devient naturel, presque facile. Ca peut même vous manquer si vous ne le faites pas !

Oui, j’avais lu ça un peu partout, je l’avais peut-être déjà ressenti, mais cette fois c’est devenu assez évident pour moi.

D’ailleurs, j’ai fini ma réécriture de mon deuxième roman, Rêveuse, et j’avais prévu de faire une pause, mais je ne l’ai même pas fait. J’ai directement commencé à écrire pour le blog, parce que l’habitude est bien ancrée dans mon esprit maintenant.

Comment aider l’habitude : créer son rituel d’écriture pour mieux écrire tous les jours

Je sais que ce n’est pas un conseil très original mais je me suis rendue compte que cela jouait sûrement dans ma super nouvelle « discipline » d’écriture.

Cela aide d’avoir un « rituel » d’écriture. Bon, rituel, ça fait tout de suite un peu sorcière. Si vous ne trouvez pas le côté mystique séduisant, je vous donne le revers scientifique : vous allez jouer à Pavlov avec vous-même. Mais au lieu de vous faire saliver comme un petit chien bien élevé au son de la cloche, vous allez simplement mettre en place une « ambiance » qui vous aide à vous mettre automatiquement dans le bon état d’esprit pour écrire.

Pour ma part, c’est venu un peu par accident. Ca fait plus d’un an que j’ai mal aux yeux, et en particulier je supporte de moins en moins les lumières fortes, surtout en fin de journée. Donc je me suis acheté une lampe d’appoint pour mon salon, que j’allume le soir après manger, au lieu de mon triple plafonnier très joli mais super puissant. Et comme j’ai besoin d’être détendue, j’aime bien mettre un certain type de musique, et puis une tasse de tisane ou de chai latte ne fait pas de mal.

Et je me suis rendu compte que maintenant quand j’éteint la lumière, ça m’aide vraiment à m’écrire. C’est mon moment cozy. C’est mon moment « écriture ».

Je sais que d’autres personnes aiment allumer une bougie, l’odeur peut aider aussi, les sons ou juste manger un chocolat ou enfiler votre plus belle cape d’écrivain. Les possibilité sont infinies !

Est-ce que j’en remets une couche ? Oui ?

Que mon petit conte de fée vous aide ou pas, j’aimerais quand même réinsister sur certains points (pour moi-même aussi, oui oui). C’est bien de se donner des objectifs, c’est bien d’être ambitieuse et c’est bien de se remuer les fesses, surtout quand on est en train de regarder des vidéos même pas intéressantes sur Youtube au lieu de faire un truc qui nous plait.

Mais se mettre la pression ne sert à rien. Dans certains cas, ça peut complètement vous bloquer : « au mon dieu, je suis nulle j’arrive même pas à écrire une fois par semaine, ce n’est même pas la peine que j’essaie ». Mais même si ça marche, même si vous arrivez à écrire 4h par jour tous les jours, ce n’est même pas sûr que vous soyez plus avancé(e)s.

Un exemple récent de « success story » qui tourne mal

J’ai eu la tristesse récemment de voir une youtubeuse dire que « non parfois, on n’a pas besoin de pause », alors qu’elle écrit 5 à 6 heure par jour, tous les jours, en plus de son boulot à plein temps. Et sortir une vidéo la semaine suivante pour expliquer qu’en fait si, elle est obligée de lever le pied, parce qu’elle commence à faire des crises d’angoisse « inexpliquées ».

On est juste humains, on ne peut pas être partout à la fois. L’essentiel, c’est d’arriver à trouver son équilibre. Parce que pour pouvoir écrire, il faut vivre aussi. (oui je sais, c’est profond ce que je dis…)

Donc voilà, un petit laïus pour vous (me ?) convaincre que ce n’est pas nécessaire, ni même rentable de se tuer à la tâche. Je vous dirais plus tard si je me suis écoutée.


Et vous, est-ce que vous écrivez tous les jours ? Est-ce que vous avez un rythme régulier ou pas du tout ? Est-ce que vous êtes plutôt côté « j’arrive pas à commencer » ou plutôt du côté « j’arrive pas à faire la même chose plus de 10min d’affilée » ? Et surtout, quels sont vos rituels ? Parlez moi de vos meilleures potions et incantations !!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.