Je progresse

Pourquoi j’ai arrêté d’écrire à la main

Jusqu’à récemment, je ne jurais que par le papier : je n’y peux rien, j’aime gribouiller. Mais j’ai fini par changer mon processus et me convertir définitivement au numérique…

Alors, pourquoi j’ai abandonné le stylo-plume ?

Oui, mon écriture est illisible, pas besoin de me le rappeler… Je n’ai pas appelé ce blog « Hiéroglyphes et pattes de mouche » pour rien ! Réponse : pas parce que j’étais fan de l’Égypte antique, et rêvais de devenir archéologue…
Carnet entièrement écrit à la main

Pourquoi j’écrivais à la main et n’envisageais pas de changer

La première raison est une raison pratique : j’ai commencé à écrire en cours, dès le collège. Et je suis d’une génération où, même après le bac, ce n’était pas la norme d’amener un ordi en cours.
Donc j’écrivais en cours, forcément à la main, sur papier.
J’y étais habituée, et j’éprouve encore le besoin, même en travaillant dans l’informatique et donc par définition sur un PC, de gribouiller mes idées sur un cahier. Oui, le papier, c’est agréable, plus libre aussi, on peut écrire où on veut, de la taille qu’on veut, faire des dessins, des schémas, des ratures. On peut garder ses brouillons comme des trophées, et même en faire des bannières de blog…
Une autre raison est venue ensuite. J’ai commencé à écrire mon roman, et bien sûr je n’envisageais pas de le laisser sur papier. Je tapais déjà toutes mes nouvelles pour les envoyer à mon unique lectrice, ma Jumelle Karmique. Je l’aime beaucoup, je ne voulais pas lui ruiner les yeux, la pauvre… Dans la première phase d’écriture de mon roman, j’écrivais sur les bancs de la fac (je m’étais inscrite en fac de chinois pendant que je cherchais du boulot, pour m’occuper et pour garder le statut d’étudiante), et je tapais chaque soir à l’ordinateur ce que j’avais écrit.
J’aimais bien ce processus, parce qu’en passant du papier au numérique, j’en profitais pour revoir mon style, corriger des erreurs, améliorer mes formulations. Ça me paraissait être une étape vraiment nécessaire pour avoir un manuscrit « propre », un vrai manuscrit, le genre qu’on pourrait peut-être publier plus tard.

Pourquoi j’ai jeté mon stylo-plume aux oubliettes

Parce qu’il sèche tout le temps ! Non, rassurez-vous, mon joli stylo-plume trône toujours sur mon bureau, mais il a plus ou moins pris sa retraite.
La vraie réponse à cette question tient en quatre syllabes : NaNoWriMo. Je promets, je ne suis pas sponsorisée par NaNoWriMo, ça a juste été une révélation pour moi, à tous les niveaux (et pourtant je n’ai jamais suivi les règles complètement..).
Pour ceux qui n’ont pas suivi, NaNo est une sorte de marathon de l’écriture : on s’engage à écrire 50 000 mots en un seul mois, ce qui est énorme. J’ai fait le calcul dans un précédent article, à ma vitesse d’écriture cela doit représenter plus de 60 heures de travail, en un mois ( sachant que je travaille à plein temps). Écrire sur papier et recopier ensuite, ça aurait peut-être doublé ma charge de travail. Ça n’était pas envisageable… En plus, l’ordinateur compte lui-même les mots, c’est magique…
Donc j’ai commencé à « taper » directement, et je m’y suis habituée très vite. Je travaille déjà sur un ordinateur, je tape suffisamment rapidement et les logiciels de traitement de texte ne me font pas peur. Pour les déplacements (notamment mes trajets quotidiens en transport en commun, bienvenue en Ile de France), je prenais mes notes sur mon téléphone.
Depuis je continue à trimballer un carnet dans mon sac à main, mais je ne l’utilise quasiment pas, je suis vraiment passée au tout numérique.

Le bilan de cette tentative

A l’issue de cette expérience (intense), je ne suis pas repassée au papier, pour plusieurs raisons :
  • Gain de temps :
Il n’y a pas à tergiverser, ne pas avoir à recopier quoi que ce soit est un gain de temps précieux, même en dehors de NaNo. Je ne suis pas une autrice (cet article m’a convaincue) très prolifique, j’écris lentement, j’ai du mal à me motiver pour écrire, donc chaque minute est précieuse si je vais réussir à écrire plus d’un roman tous les dix ans…
  • Soulager mes yeux :
Regardons la vérité en face, j’écris vraiment mal. Et petit. Et j’écris d’autant plus petit que je suis émotionnellement impliquée dans ce que j’écris. C’est une sorte de mécanisme de défense, pour être la seule à pouvoir me relire. Sauf que parfois, même moi je n’y arrive pas… J’abime mes yeux qui sont déjà fragiles, je n’arrive pas à trouver d’installation correcte pour taper en lisant, etc
  • Nouveaux outils :
Après ce premier NaNo, j’ai commencé à utiliser sérieusement deux outils dont je vais vous parler plus en détail dans la section suivante : Evernote et Scrivener. Scrivener surtout m’a changé la vie, et j’essaie au maximum d’écrire directement dessus.
A coté de ça, travailler sur ordi me donne accès à tout un tas de choses : mes notes sur mes personnages/intrigue/etc, le correcteur orthographique…
Et mon ami Google, bien sûr ! Google qui me permet de me balader dans les rues de Londres, me fournit des listes de noms (c’est compliqué de choisir un nom…), me renseigne sur quelle extension des Sims contenant des vampires est sortie avant 2012 (oui, j’ai cherché ça pour mon roman)…
  • Laisser le correcteur au placard :
C’est un conseil classique pour aider un.e auteur.trice débutant.e à progresser : on conseille souvent de ne PAS chercher à faire des corrections sur son manuscrit pendant le premier jet, pour ne pas risquer de ne jamais le finir. Ne pas chercher à relire et corriger ce qu’on a écrit évite aussi de tomber dans la spirale « oh mon dieu c’est vraiment de la merde, pourquoi j’essaie d’écrire je ferais mieux de me jeter sous un train », spirale courante chez les écrivains. Je pense que c’est un choix personnel.
Dans mon cas, pendant la phase de révision de mon manuscrit, j’ai jeté 90% de ce que j’avais écrit pendant ma période « stylo-plume », et j’ai réécrit presque tout le reste.
Résultat : toutes les corrections stylistiques que j’ai fait en tapant mon manuscrit sur ordi sont parties à la poubelle ! Cette phase ne m’a servi à rien. Et c’était le seul vrai argument qu’il me restait pour écrire sur papier.

Comment je travaille maintenant :

Voici un petit aperçu des outils que j’utilise maintenant :
  • Evernote :
Evernote est une application bien pratique (similaire à OneNote) qui permet de prendre des notes en toutes circonstances et de les organiser facilement. Je l’utilise surtout pour prendre des notes sur mon téléphone et au boulot. J’ai un « carnet » consacré aux extraits de roman sur lesquels je travaille, un carnet consacré aux informations sur le roman (avec une sous-partie pour mes recherches, une sous-partie pour les personnages, une pour mes notes sur l’intrigue, une pour toutes les notes que je prends pendant mes révisions, etc) et maintenant un carnet pour mon blog avec mes idées d’article, les brouillons, la liste de ce que je dois faire pour améliorer mon blog, etc
Par contre j’ai deux soucis avec Evernote. Le copier-coller vers d’autres outils (notamment WordPress et Scrivener) ne donne pas toujours des résultats terribles. Il faut souvent reformater, et je n’arrive jamais à obtenir ce que je veux et ça m’énerve… J’essaie donc de moins écrire dans Evernote, et simplement de l’utiliser pour de la prise de notes. L’autre désavantage, c’est qu’ils ont réduit le nombre d’appareils différents qu’on peut utiliser sans payer, et certaines fonctionnalités comme le travail hors-ligne, et ça ne m’a pas trop plu. Mais j’ai quand même pris l’abonnement, parce que c’est un outil que j’utilise beaucoup.
  • Scrivener :
Scrivener, ce doit être ma deuxième révélation après NaNoWriMo. Jusqu’à ce que je découvre Scrivener, mon manuscrit, c’était une tonne de feuilles avec des gribouillis, deux carnets dans Evernote, et surtout un unique document OpenOffice. Pour écrire un premier jet, ce n’était pas spécialement gênant, je me contentais de rajouter ce que j’écrivais à la suite, sans avoir de découpage en scènes ou en chapitre, ça ne marchait pas trop mal.
Sauf qu’après le premier jet, il faut corriger, réécrire, restructurer. Surtout pour moi qui n’avais pas fait de plan avant de commencer et dont le roman partait dans tous les sens. Et allez vous y retrouver dans un roman qui fait plus d’une centaine de pages Word…
Et c’est là que Scrivener est arrivé (ou plutôt que je suis allée télécharger la version d’essai…). Scrivener permet de découper facilement son roman en scènes, de les réarranger, de les déplacer, de les supprimer. On peut leur donner un résumé et les afficher en mode tableau. On peut ajouter des mots-clés, des status sur les scènes, on peut sauvegarder plusieurs versions d’une même scène, ajouter des commentaires…
Mon roman dans Scrivener
Mon roman dans Scrivener, avec une scène ouverte dans la partie droite et l’aperçu des scènes de mon premier chapitre dans la partie gauche
Beaucoup de ces options sont sans doute disponibles dans Word, mais Scrivener est vraiment fait pour les auteurs.trices et ça se sent. Trois désavantages : c’est payant (pas non plus ruineux : de l’ordre de 40 euros pour la licence utilisable pour plusieurs ordinateurs, et il y a moyen d’avoir des réductions), c’est très orienté Mac ( les versions Windows sortent avec du retard, il n’y a pas encore d’appli Android alors que la version iOs existe depuis un moment) et il y a tellement de fonctionnalités que ça peut être difficile à prendre en main.
De mon point de vue, j’ai acheté Scrivener à moitié prix, ce qui est TRÈS raisonnable pour l’usage que j’en fait et je n’ai eu aucune difficulté d’utilisation (mais en même temps, chercher sur Google pour faire fonctionner des logiciels comme je veux, c’est littéralement mon métier…). Par contre j’attends l’appli Android avec impatience !
Et clairement, pour la phase de révision, je n’aurais pas pu me passer de Scrivener. J’essaierai de faire un article plus détaillé dessus si ça vous intéresse.
  • Papier :
J’ai menti, je n’ai pas totalement abandonné le papier. Je l’utilise encore lorsque je fais une relecture complète de mon roman, et que je veux prendre des notes sur ce qui ne va pas. Je pourrais le faire directement sur Evernote, mais ça m’obligerait à avoir une autre fenêtre en parallèle de celle où je lis.
Je recopie mes notes sur Evernote à la fin, mais ça n’est pas une perte de temps, parce que ça me permet de les clarifier et les réorganiser (ce que je suis obligée de faire dans tous les cas).
Edit 20/08/19 : Je me suis offert un deuxième écran pour mon anniversaire^^, donc je travaille plus facilement en simultané sur Scrivener et Evernote. Mon utilisation du papier est de plus en plus limitée au brainstorming.

Ce que je conseille

Rien ! C’était un piège… Chaque auteur.trice est différent.e et doit trouver le fonctionnement qui lui convient le mieux. Fonctionnement qui peut d’ailleurs évoluer au cours du temps.
Il faut juste noter, si vous souhaitez publier, que les éditeurs n’acceptent pas ou très rarement de manuscrits… manuscrits. Il faudra passer au numérique à un moment, à vous de choisir quand …
J’étais un peu triste d’abandonner l’écriture à la main, mais je pense que c’est surtout une question d’habitude ! Je n’ai pas l’impression d’avoir perdu en créativité ou en « relation avec les mots » ou je-ne-sais-quoi. Les mots sont toujours là, ils sont simplement lisibles maintenant…
Et vous, vous écrivez à la main ? A la machine à écrire ? Au calame sur papyrus ? Dites-moi que quelqu’un écrit au calame sur papyrus…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.